Lu sur abidjan.net
Vahid, quel est votre sentiment sur votre éviction prématurée de la sélection ivoirienne ?
C’est tout simplement incompréhensible. J’ai reçu un fax samedi après-midi pour m’informer de cette décision. Je trouve cela ni courageux et encore moins respectueux. Mais je ne me suis pas encore expliqué avec les dirigeants, je compte le faire très bientôt.
Vous n’avez donc eu aucun argument pour justifier cette décision?
Non, je n’ai eu aucun contact, je suis sans nouvelles des dirigeants depuis maintenant un mois. Il est vrai que dans mon contrat, il y avait trois objectifs : se qualifier pour la coupe d’Afrique des Nations, la gagner et se qualifier pour le Mondial. On n’a perdu qu’un seul match sur 24, celui des quarts de finale de la Can et la collaboration s’arrête là...
Peut-on parler surtout de gâchis pour vous, à défaut de perte de temps ?Pour moi, ce sont 22 mois, presque 23, de travail et de sacrifices qui partent en fumée. Je me suis engagé humainement dans le projet ivoirien, refusant plusieurs propositions, parce qu’on ne va pas en Afrique pour gagner de l’argent. J’ai effectué en moins de deux ans plus de 160.000 km pour être viré sans même un coup de fil ! Qui plus est, ce match contre l’Algérie s’est terminé de manière bizarre. J’ai d’ailleurs appris certaines choses par la suite.
Que voulez-vous dire ?
Je n’ai pas encore tout éclairci puisque je n’ai parlé à personne de la fédération mais il est clair qu’il s’est passé des choses bizarres durant ce match. Par exemple, j’ai appris qu’au moins trois joueurs ont joué en étant malades ; personne n’a cru bon de me prévenir. Il semble aussi que certains ne voulaient pas jouer ensemble... Je comprends mieux pourquoi on a encaissé deux buts sans trop de résistance. Si une équipe n’est pas capable de tenir un 2-1 alors qu’il reste deux minutes à jouer, c’est qu’il y a un problème. Mais ça, évidemment, je l’ai su après.
(...)
Comment le groupe a-t-il vécu votre limogeage ?Les membres du staff avec qui je travaillais sont groggy, voire dégoûtés. Certains joueurs ont appelé, ils ne comprennent pas. Mais d’autres ont apparemment joué un double-jeu, je ne sais pas encore. Mais j’espère avoir le fin mot de l’histoire. Je ressens vraiment beaucoup de tristesse aujourd’hui ; je n’ai pas encore parlé de tout ça mais pour une minute d’inattention, je trouve ça cher payé.
Vous allez manquer le Mondial; est-ce le plus dur à digérer ?
C’est terrible de qualifier une équipe pour une coupe du Monde et de ne pas pouvoir l’y emmener. On me prive du Mondial alors qu’on avait terminé premiers de tous les groupes de qualification jusque-là. Je me retrouve comme au PSG, trahi par des gens en qui j’avais confiance. Alors que j’ai obtenu les meilleurs résultats de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire. Exactement comme à Paris, où aucun entraîneur ne s’est approché de mes résultats jusqu’à maintenant.
Fin de citation
Cher Vahid,
Maintenant, tu sais ce que c'est que de travailler avec des cons ! Que dis-je ? Des connards de chez CONNARD !
Un sélectionneur les qualifie pour la coupe du monde de football, et voilà comment ils le remercient !
Je vais te dire une chose : moi qui suis Africain, malgré la sympathie que des gens comme Drogba m'inspirent, je souhaite la plus lourde déroute sportive à cette équipe de Côte d'Ivoire. Ce n'est pas très charitable de ma part, mais je m'en fous ! Parce que j'en ai plus qu'assez de voir le continent africain mis par terre par des connards : de pauvres bureaucrates cravatés et en complet-veston, même par 40 degrés à l'ombre, parce que fascinés par les Blancs.
Je ne sais pas qui leur a dit que les Blancs portaient des costumes-cravates par 40 degrés à l'ombre !
Et c'est évidemment leur fascination pour les Blancs, en clair, pour la rigueur, la méthode, qui tranchent avec le "je-m'en-foutisme" légendaire de certains Africains, qui leur fait recruter préférentiellement des sélectionneurs européens pour entraîner leurs équipes nationales. Le fait est que ça marche, si l'on excepte quelques cas rares, comme l'Egypte en ce moment. Je pense au Gabon, qu'on n'aurait jamais imaginé en si bonne forme, au point de rivaliser avec le Cameroun dans la qualification pour le Mundial. Et derrière ce formidable travail, il y a un coach : Alain Giresse.
Personnellement, je me fous comme d'une guigne de la couleur de la peau, des yeux ou des cheveux d'un sélectionneur. Et comme je ne suis pas chauvin, je me dis : que le meilleur gagne ! Et je me souviens, notamment, d'un match de coupe du monde entre l'Argentine et le Cameroun, et j'ai pensé que ce serait trop bête que le Cameroun (qui n'avait pas une grosse expérience en coupe du monde) contribuât à faire éliminer la prestigieuse équipe argentine. Donc, j'ai soutenu l'Argentine ! Mais, aujourd'hui, les choses se passeraient différemment, dès lors que j'estime que les Africains ont potentiellement les moyens, avec un peu de rigueur, de se qualifier pour une finale, voire de la gagner, comme ils l'ont montré déjà dans les championnats du monde des amateurs.
Licencier un coach qui a perdu un seul match sur vingt-quatre et qui qualifie l'équipe pour le mundial, il faut le faire ! Et les joueurs ne bougent pas, ne se mettent pas en grève, ne donnent pas de la voix, ne se solidarisent pas avec leur coach ! Pitoyables larbins !
Je trouve déjà navrante l'idée que quelqu'un puisse accepter de te remplacer au poste de coach de la Côte d'Ivoire, parce que si tout le monde se défilait, alors on peut s'attendre à ce que, dans l'avenir, les pays africains (parce que ce n'est pas la première fois que pareille connerie se produit !) y regardent à deux fois avant de virer un coach. Et puis, entre nous, quelle naïveté de ta part et de celle de tes avocats ! Parce qu'enfin, un contrat, ça se bétonne ! Avec clauses prévoyant de lourdes indemnités en cas de licenciement avant la fin du contrat, avec des priorités : par exemple de la coupe du monde sur la CAN, cette CAN stupidement organisée tous les deux ans, quand tous les autres championnats continentaux ont opté pour les quatre ans !
Bref, dans le groupe de la Côte d'Ivoire, je soutiendrai le Brésil, en souhaitant voir les Ivoiriens ne pas atteindre le deuxième tour. Ça leur servira de leçon.
Allez, salut coach, et garde le moral ; la vie continue !