Un si beau mundial féminin !

L'autre jour, en lançant mon navigateur Internet, je tombe sur msn, sur une rétrospective de la dernière coupe du monde de football féminin en Allemagne. Ça commence comme ça :

Après la terrible image du football, laissée par les joueurs français lors la Coupe du Monde de football 2010, les joueuses françaises avaient fort à faire pour redorer l'image de ce sport si populaire. Le succès est total pour les Bleues. En se qualifiant pour les demi-finales de la Coupe du Monde, les françaises ont ravivé l'enthousiasme des amateurs de football. Les Bleues ont ainsi donné aux spectateurs une bonne raison d'aimer ce sport. Voici 10 autres bonnes raisons d'aimer le football féminin.

Le sujet est agrémenté par un diaporama sur dix joueuses remarquables, en tout cas, remarquées par l'auteur dudit papier, dont celle reproduite ci-dessous :

Et comme de bien entendu, sur Internet, on a droit à l'inévitable forum de discussion, dont j'extrais ceci :

Ce que tout ça m'inspire ? Plusieurs choses : d'abord un sentiment mitigé devant ce qui commence à relever de la logorrhée, je veux parler de cette sempiternelle référence au "fiasco sud-africain" de l'année 2010, ce qui conduit à cette propension au plus pur délire consistant à faire systématiquement briller les footballeuses françaises, et ce, parfois au-delà du raisonnable. Il se trouve simplement que si j'ai été emballé par le jeu des filles, il m'a tout de même semblé les dithyrambes systématiques les concernant relèveraient presque de la supercherie, notamment sur le plan de la technique footballistique pure. Mais pour commencer, je parlerai de tout autre chose que de football : de syntaxe !

1. La syntaxe, parlons-en. Sous la photo publiée par msn, on a droit à ce début de légende : "la milieu défensive canadienne...". Et là, je monte sur mes grands chevaux ! Je sais bien que nous vivons parfois des modes, dont celle relevant du "politiquement correct", consistant à "euphémiser" tout ce qu'on dit, en transformant les aveugles en non-voyants, les noirs en personnes de couleur, les balayeurs et personnels de nettoyage en techniciens de surface et que sais-je encore.

Ces derniers temps, on a vu apparaître une mode de la transformation du genre des noms, de certains noms en tout cas, peut-être sous la pression d'un certain lobby féministe. C'est ainsi qu'on parle de plus en plus d'Hillary Clinton comme étant "LA" chef de la diplomatie américaine, de telle autre femme comme étant "LA" chef de cabinet du ministère. Et dans le même ordre d'idée, voici qu'on a désormais "LA" milieu de terrain, "LA" procureur de la République, etc.

Et là, j'avoue que ça me fait sauter au plafond. Quand je pense à tous ces petits écoliers auxquels ont s'échine à inculquer les règles élémentaires de la syntaxe, à savoir que, contrairement à l'anglais, le français décline ses substantifs notamment selon le sexe, certains mots masculins ayant un alter ego féminin et réciproquement (cuisinier-cuisinière, maître-maîtresse, lion-lionne...), tandis que d'autres substantifs sont exclusivement masculins ou féminins, une dernière catégorie étant polyvalente (à la fois masculins et féminins) mais au prix d'un changement de sens (le page qui assiste un chevalier et la page du livre ; le tour de magie et la tour du château ; un moule à gâteau, une moule dans un parc d'ostréiculture ; un pendule au bout d'un fil et une pendule donnant l'heure, etc.).

Vous comprenez que j'enrage à chaque fois que des rédacteurs bien imprudents jouent à tripatouiller la syntaxe du français. Prière de respecter le genre des noms, messieurs, dames ! Mais revenons à cette belle coupe du monde.

2. Ce fut une bien belle coupe du monde, en effet. Et j'avoue avoir été fort déçu pour les Américaines, qui méritaient largement de l'emporter sur les Japonaises, tant leur domination, surtout en première mi-temps, fut insolente. Et puis, quel tonus ! J'avais l'impression que toutes les Américaines avaient été recrutées avant tout pour leurs performances athlétiques : on aurait dit des championnes du demi-fond, avec des foulées incroyables et des courses qui leur permettaient de déborder leurs adversaires en deux foulées, sans oublier que les "malheureuses" Japonaises rendaient autour d'une quinzaine de centimètres aux grandes Américaines !

Et puis, hélas, trois fois hélas, les Américaines se sont endormies sur leurs lauriers et sur cette première mi-temps menée tambour battant. Elles qui avaient surclassé les Brésiliennes au prix d'une égalisation de derrière les fagots en toute fin de temps réglementaire, voilà qu'elles commettaient la même erreur que les Brésiliennes en se voyant déjà trop belles. Et se faire remonter deux fois, alors qu'on mène deux fois au score, voilà qui vous minerait le moral de n'importe qui.

Incroyables petites Japonaises qui, à la fin des deux premières mi-temps, contrairement à leurs adversaires, n'ont pas eu besoin d'un coup de boost psychologique de la part de leur entraîneur, se contentant de se faire décontracter les muscles engourdis. Il faut dire que, pour elles, la préparation mentale avait eu lieu bien plus en amont, lorsqu'il a fallu que le pays tout entier gère cette désastreuse catastrophe nucléaire provoquée par cet incroyable tsunami que les télévisions nous ont donné à contempler en direct.

Et là, on se dit rétrospectivement que, quand on vit en permanence sous la menace de la terre qui bouge et de la mer qui peut dévaster les côtes à tout moment, on est forcément préparé mentalement à tout endurer, et ce, depuis la plus tendre enfance.

C'est pour avoir mésestimé ce petit détail dans la personnalité de leurs adversaires que les Allemandes d'abord, les Américaines ensuite, ont perdu face aux Japonaises.

Mais de là à tout enjoliver, comme je le lis ici ou là, il y a quand même une marge !

3. Le rédacteur de msn nous explique qu' "après la terrible image du football, laissée par les joueurs français lors la Coupe du Monde de football 2010 les joueuses françaises avaient fort à faire pour redorer l'image de ce sport si populaire. Le succès est total pour les Bleues. 

Et là, j'ai comme une furieuse envie de dire aux commentateurs et commentatrices : "On se calme !"

Non mais, sans blague ! Tout ce petit monde semble avoir oublié que la France détient deux titres de championne d'Europe des Nations et une coupe du monde de football. Comme tout le monde a oublié qu'entre la génération des Copa, Just Fontaine et autres Piantoni, d'une part, et les Platini, Rocheteau et autres Tigana, d'autre part, ce fut quasiment le calme plat côté trophées internationaux pour le football français. Autant dire que la France du football a connu des périodes de vaches maigres, tant au niveau national que - et surtout - au niveau des clubs, l'OM et le PSG ne détenant, chacun, qu'une coupe des champions pour l'un, et une coupe des coupes pour l'autre. Autant dire que les périodes de vaches maigres ont été bien plus longues que celles de vaches grasses.

Par conséquent, ce délire autour du "fiasco sudafricain", qui fait qu'on ne peut plus parler de football international sans qu'on nous bassine avec la péripétie de Knysna, en Afrique du Sud, commence sérieusement à me donner des boutons.

Rappelons, au passage, qu'en 2010, ni l'Allemagne, ni l'Angleterre, ni le Brésil, ni l'Italie, ni les Pays-Bas, ni l'Argentine, ni la Suède, ni le Danemark, ne parlons même pas des Russes, des Bulgares, des Belges, des Polonais... n'ont caressé le beau métal doré de cette coupe du monde. Juste en rêve ! Par ailleurs, il y a plus de 190 pays répertoriés à l'ONU, et un seul vainqueur de la Coupe du Monde !

Alors, de grâce, qu'on arrête de nous bassiner avec le fiasco de la France en Afrique du Sud, et gna-gna-gni, et gna-gna-gna ! Et surtout, qu'on cesse une fois pour toutes de nous faire le coup des "filles qui auraient des leçons de technique footballistique à inculquer aux garçons" !

4. Précisément : l'internaute qui se fait appeler Don Diego de la Vega... nous sert la tambouille classique, chère aux adeptes du café du commerce, et selon laquelle "les filles pouvaient aller montrer à leurs homologues masculins, principalement les joueurs français, comment on enroule une frappe en pleine lucarne..., comment, dans la même action, on place un coup du sombrero, un contrôle du gauche et une mine du droit dans la lunette (Suède-France)...".

Il se trouve, précisément, que cette dernière action, qui vit la Suède l'emporter sur la France, est l'une des rares vraiment techniques de tout ce mundial féminin.

Parce qu'une fois reconnu le fait que ce fut un bien beau mundial, il reste que j'ai trouvé que les filles étaient encore bien naïves face aux buts et loin d'atteindre la finesse du jeu des garçons, à se demander si elles avaient jamais observé ces derniers en action !

Non mais franchement, vous en avez vus beaucoup, des coups du sombrero au cours de ce mundial ? Ou des crochets qui vous mettent l'adversaire dans le vent, pour s'ouvrir le chemin du but ?

En observant les Françaises, par exemple, j'ai été effaré par le nombre de ballons que les attaquantes balançaient droit devant elles, en première intention, le ballon allant percuter l'adversaire placée juste en face, comme au billard, à croire que les filles rechignent à user de cette arme si efficace chez les hommes : le dribble + la feinte + le crochet.

Je ne sais pas si notre internaute cité plus haut a souvent regardé le championnat d'Angleterre - pour ne citer que celui-là -, et notamment UN joueur français : Nicolas Anelka - peut-être pas celui de cette dernière saison (2010-2011), saison mitigée pour beaucoup de monde, notamment pour Chelsea -, mais notamment celui de la saison dernière, avec ce mano a mano entre Manchester et Chelsea, et surtout celui  de la saison précédente, qui a vu Chelsea mener le championnat tambour battant, avec un  Anelka des grands jours, au point de faire oublier un Didier  Drogba parti pour la CAN. Le fait est qu'Anelka a marqué beaucoup de buts avec Chelsea, et je ne saurais trop conseiller aux filles du football de visionner les buts de Nicolas et de bien observer ce geste cher aux grands attaquants, lorsqu'ils entrent dans la surface de réparation, et a fortiori, lorsqu'ils se retrouvent en tête à tête avec le gardien adverse, ce petit mouvement du buste ou du pied, qui fait croire à l'adversaire que l'on va tirer sur sa gauche, et voilà le gardien qui plonge, tandis que le ballon passe sur le côté opposé... En football, on dit "être pris à contre-pied".

Evidemment, dans ce registre, comment ne pas citer un Cristiano Ronaldo, le spécialiste des gris-gris qui en mettent plein la vue aux adversaires, lequel Ronaldo donne toujours l'impression de ne jamais avoir les deux pieds au sol au même moment ! Et que dire des autres maîtres ès gris-gris que sont le Brésilien Ronaldinho, qu'on voyait, du temps de sa splendeur, tourner le regard vers sa gauche, tandis qu'il plaçait une passe millimétrée vers un compère situé à sa droite. Et comment ne pas nommer Monsieur Ballon d'Or, le grand Lionel Messi ?

Mon impression est que les filles - et leurs entraîneurs ! - devraient regarder bien plus souvent le jeu des hommes de manière à apprendre à éviter de tirer bêtement sur l'adversaire, là où les grands attaquants usent de la feinte... pour s'ouvrir le chemin des buts.

Et ça, les filles, notamment les Françaises, ne savent pas faire ! Mais elles sont jeunes. Elles ne demandent donc qu'à apprendre.

À part ça, ce fut une bien belle coupe du monde... Mais venir nous dire que "le succès fut total pour les bleues" a quelque chose de grotesque, dans la mesure où seules les Japonaises peuvent se targuer d'un succès total !


Mais au moment de conclure, je ne résiste pas au plaisir (!!!) de vous soumettre ce dernier message piqué sur le forum de msn, dans la catégorie "plus ridicule que moi, tu meurs !"