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dimanche 20 février 2011

2011, annus horribilis ?



Annus horribilis : année horrible, funeste millésime !

C'est en tout cas ce que pourraient penser de nombreux sportifs en panne de réussite en ce début d'année.

Comment ne pas éprouver une impression plus qu'étrange devant les problèmes récurrents d’un certain nombre de clubs et de champions, dont on pensait, il n’y a pas si longtemps, qu’ils étaient insubmersibles ? Mais à l’inverse, certains, que l’on avait un peu trop vite enterrés, semblent reprendre du poil de la bête. Ainsi va le monde.

Parmi les clubs et sportifs auxquels je pense, je citerai, dans le désordre : les Girondins de Bordeaux, Chelsea, Gourcuff, Gignac…



Bordeaux 

Le moins qu’on puisse dire est que les choses avaient mollement commencé, pour ne pas dire de manière assez minable. Mais là, Bordeaux était en bonne compagnie : Marseille et Lyon avaient également connu quelques ratés à l’allumage, et l’on se souvient de cette victoire de Saint-Etienne à Lyon, avec le président Aulas s’offrant un tête-à-tête bien insolite avec ses ultras. J’ai encore en mémoire les commentaires des experts, lesquels ne donnaient pas cher de la survie de Claude Puel comme entraîneur lyonnais. Et puis la roue a tourné ; Lyon et Marseille, voire le PSG se sont rapprochés du sommet, mais Bordeaux est resté encalminé au fond.

Étrange parcours quand même que celui des Girondins : vainqueurs insolents du championnat en 2009, avec deux joueurs de grande classe : Gourcuff et Chamakh. Et là, on se disait que cette équipe allait jouer les premiers rôles durant un bon moment, à l’instar de ce que venait de réaliser l’OL. Et puis, patatras ! Trois quidams vous manquent – Blanc, Gourcuff et Chamakh -, et tout est dépeuplé.

Une grosse tuile à domicile face à Caen, une nouvelle déculottée à l’extérieur, face à Lorient, et voilà Bordeaux qui s’installe à la lisière de la relégation. Voilà qui est venu me rappeler une saison tout à fait calamiteuse du Bayern de Munich, il y a pas mal d'années maintenant, lui aussi flirtant avec la relégation, avec un entraîneur danois dont le nom va me revenir…

Alors, bien évidemment, le premier réflexe est de tomber à bras raccourcis sur l’entraîneur, en l'occurrence, Jean Tigana. Pour ma part, je considère qu'un grand club, c’est d’abord un grand capitaine. Et pour l’heure, je ne vois pas très bien à quoi sert Alou Diarra ! Devant l’impasse actuelle, il y a longtemps que moi, j’aurais remis le brassard à Carrasso, que l’on a vu au four et au moulin face à Lorient (19.02.2011), obligé de tout faire tout seul, faute de défenseurs dignes de ce nom, jusqu’à ce funeste carton rouge.




Abramovitch


Et que dire de Chelsea ! Voilà une équipe qui cartonnait sur tous les terrains, et qui vient de se faire éliminer de la Cup par… Everton ! On me dira qu’Everton est une assez bonne équipe du championnat anglais, mais quand même ! Un but partout à la fin du temps réglementaire, là où, autrefois, Everton en aurait pris trois ou quatre de la part des Drogba, Anelka, Malouda… Et moi de penser que, décidément, l’après coupe du monde a laissé des traces ! Curieusement, l’entraîneur italien est toujours là, et je ne sache pas que Chelsea ait connu une saison aussi catastrophique depuis des lustres. Le comble serait que Chelsea ne se qualifie pour aucune coupe européenne ! Comme quoi, avoir viré les deux entraîneurs précédents n’aura pas porté chance à Abramovitch. Moralité : il faut respecter les entraîneurs ! Voyez Monaco, qui va peut-être quand même se retrouver en Ligue 2, malgré le limogeage de Lacombe !



Gourcuff et Gignac

Cette année 2011 avait fort mal commencé pour ces deux joueurs, lesquels enfilaient les mauvaises performances avec leur nouveau club, l'OL d'une part, l'OM d'autre part. Et voilà que les deux joueurs semblent renaître lentement et sûrement de leurs cendres, ce qui, personnellement me réjouit. J’avoue avoir quelque peu ironisé à l’égard du « mannequin de ces dames », comme j’ai eu tendance à l’appeler, le propos ne visant pas à proprement parler la personne même de Gourcuff, mais cette propension, un peu stupide, qu’ont certains journalistes à monter les jeunes joueurs au pinacle (voyez Dimitri Payet il n'y a pas si longtemps, qui semble avoir déjà pris la grosse tête !), avant même qu’ils n’aient prouvé quoi que ce soit. C’est cela qui m’a prodigieusement agacé face au tombereau d’éloges qui s’est abattu sur lui : le futur Zidane, par-ci, l’extra-terrestre, par-là. Il fallait laisser Yohann Gourcuff travailler sereinement, au lieu de lui mettre une pression trop forte dès le début. La même observation vaut pour Gignac, que l’on a vu réaliser une campagne du tonnerre avec Toulouse, avec autour de vingt-cinq buts. Et voilà Gignac porté au pinacle… Et puis, le trou noir ! Et les mêmes qui avaient usé du dithyrambe hier, y sont allés de leurs tacles assassins… Experts en retournement de veste !

Gourcuff et Gignac se remettent à marquer des buts ? Normal. Parce qu’au fond, ce sont de grands joueurs ; il peut leur arriver de connaître une conjoncture défavorable, mais il ne faut jamais confondre structure et conjoncture.



K. B. 

Encore un qui a connu une conjoncture un peu foireuse en ce début de saison, j’ai nommé Karim Benzema. Il paraît que Mourinho ne l’aimait pas beaucoup, et que le même Mourinho ne tarit plus d’éloges sur Karim. Non mais, laissez-moi rire ! Karim Benzema est un futur grand d’Europe, qui s’est exilé dans un pays dont il ne parlait pas la langue (j’insiste beaucoup sur l’intégration culturelle ; voyez le parcours des Raï, Ronaldinho, Weah à Monaco, Papin, Ribery au Bayern…). Quel que soit le talent d’un joueur, son intégration à un club passe d’abord par la maîtrise de la langue. Benzema parle mieux l’espagnol, il ne peut que cartonner… Vous allez voir : ce sera une star adulée par les socios du Real, comme Ribery est devenu la coqueluche des Bavarois, lui qui ne pensait qu’à quitter Munich il n’y a pas si longtemps !



H. B. A. 

Je pense encore à un garçon que beaucoup d’experts ont traîné dans la boue car jugé trop individualiste, trop caractériel, trop orgueilleux, trop dilettante, j’ai nommé Hatem Ben Arfa. Alors, évidemment, ce passage à Newcastle, avec cette tuile de jambe cassée, ça sonne comme une catastrophe. Mais bon, là encore, ne confondons pas structure et conjoncture. Hatem a connu une mauvaise conjoncture avec cet accident, mais structurellement parlant, c’est un futur grand d’Europe. Il devrait revenir encore plus fort qu’avant. Cela dit, un petit conseil à l’ami Ben Arfa : apprendre à sauter, pour échapper aux tacles assassins de bourrins comme De Jong ! Cruyf, Pelé, mais aussi Messi, Cristiano Ronaldo et autres Ronaldinho étaient/sont souvent inarrêtables par cette faculté de sauter par-dessus la jambe qui tacle… Pour ma part, je me réjouis que Newcastle ait confirmé son option sur Ben Arfa. Et rendez-vous à la saison prochaine.



Raymond

Difficile d’évoquer cette « annus horribilis » sans évoquer le cas de Raymond Domenech, dont on a voulu faire l’ennemi public numéro Un, comme si l’avenir du monde avait dépendu d’un simple tournoi de football ! Il se trouve que j’aime bien Raymond, pour son côté humain, même si je pense qu’il aurait dû serrer la main de l’entraîneur sudafricain. Ce fut là sa seule et unique faute lors du dernier mundial : d’avoir manqué de courtoisie à l’égard d’un collègue. Cette faute-là, Domenech doit la réparer le plus rapidement possible. Il ne pourra que remonter dans mon estime.

À part ça, ma conviction est que Domenech va rebondir, parce que c’est un sportif, pas un politicien ! Gageons, donc, que l’on le reverra, dans pas très longtemps, arpentant la touche d’un grand stade, en qualité de coach d’une équipe nationale. Parce qu’il le vaut bien.

Vous pariez combien que l’on reverra Raymond Domenech dans le cadre d’une grande compétition internationale, par exemple lors d’une phase finale de coupe du monde de football ? Et là, j’en connais, des consultants sportifs  - suivez mon regard ! -, qui devront avaler leur chapeau !