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dimanche 28 juillet 2013

Ce bon docteur Jean-Pierre de Mondenard ou le serment d'hypocrite



Jean-Pierre de Mondenard est un médecin français spécialisé dans le dopage, qui me fait toujours penser au croquemort des aventures de Lucky Luke, qui répète toujours : "Il faut que tout le monde vive !".

En clair, J.-P. de Mondenard est médecin, mais pour ma part, je doute vivement qu'il pratique la même profession que feu le grand Albert Schweitzer !

Donc, notre médecin spécialiste du dopage était l'autre jour dans un studio de télévision où il fut invité à commenter le Tour de France en cours, et il en a profité pour nous livrer quelques perles de sa production.


Ça a commencé par une présomption générale de culpabilité pour les cyclistes professionnels, qui seraient dopés par principe :

- Tant qu'ils ne sont pas pris, ils ne sont pas dopés.

Puis on l'a interrogé sur le cas Contador et le fait que l'Espagnol semble moins fringuant que par le passé. Et notre médecin d'y aller de ses insinuations sur le fait que Contador était bien dans l'obligation de faire attention, après avoir été déjà pris dans le passé. Notre médecin de pacotille avait simplement oublié de rappeler la chute de Contador tout au début du Tour, qui aurait pu le contraindre à l'abandon et avait bien dû laisser quelques séquelles.

Le problème avec des parasites comme de Mondenard, spécialisés dans le "dopage", autant dire ne devant leur carrière qu'aux sportifs, sans lesquels ils ne seraient rien, c'est qu'on ne les entende jamais afficher la moindre compassion pour leurs véritables employeurs, les sportifs, lorsque ces derniers se cassent la figure, par exemple au cours d'une étape du Tour de France. Ne parlons même pas de la pollution à laquelle les cyclistes sont soumis, ni des conditions météorologiques qui n'ont jamais entraîné la moindre annulation d'une course cycliste.

Parce que, pour monsieur de Mondenard, se casser la figure sur un vélo, à 60 km/h, ce ne sont que broutilles et compagnie ; la compassion envers un sportif qui se casse la figure ne faisant pas partie du code de déontologie de notre expert !

Mais le clou de l'intervention de notre "spécialiste du dopage" fut de le voir discréditer systématiquement le travail de ses confrères biologistes et pharmacologues chargés de la détection des substances illicites, lorsqu'il évoque "l'impéritie et l'inefficacité des contrôles".

Question : si un médecin spécialiste du dopage comme de Mondenard ne croit pas aux tests de dépistage, alors qui ?

Il est vrai que Lance Armstrong n'a pas été déchu de ses titres à la suite de tests compromettants, mais simplement à la suite d'une série de dénonciations. De ce point de vue, notre médecin ne fait qu'imiter l'USADA, qui, elle non plus, ne croit pas à l'efficacité des tests anti-dopage qu'elle est pourtant chargée d'organiser sur le territoire américain !

Et là, on se dit "quel dommage que notre expert en dopage n'ait pas été meilleur homme de science, ce qui lui aurait permis de mettre au point un système de détection infaillible, en tout cas plus performant que ceux qu'il entend discréditer !".

Conclusion de l'intervention de monsieur de Mondenard :

- À aucun moment, on n'entend les sportifs se régimber contre l'inefficacité des contrôles... Moi je serais dans le camp des cyclistes suspectés - comme quoi, pour lui, il n'y a que les cyclistes qui se "dopent" ! - (...) qu'ils montrent qu'ils sont prêts à investir une partie de leurs gains pour développer les tests anti-dopage...

Vous avez compris que pour ce pauvre homme, adepte de la présomption de culpabilité, c'est aux cyclistes de prouver qu'ils sont innocents...

Détail croustillant : je tombe le jour même sur cet entrefilet publié sur le site de France Télévision - le principal diffuseur du Tour de France, ce qui est plutôt courageux de leur part -, où il est question d'un champion français que j'ai déjà évoqué ici, mais dont Monsieur de Mondenard n'a jamais entendu parler.

Citation : 

"Il faut toujours des stimulants pour faire de grandes performances." La phrase est signée Jacques Anquetil, dans l'émission "Les coulisses de l'exploit", le 21 février 1962. Dans cette enquête sur le dopage dans le peloton, tous les rouages du système sont disséqués. Les soigneurs complices, le public qui demande toujours plus aux coureurs, l'appât du gain…
Face caméra, plusieurs champions de l'époque, comme Jacques Anquetil, quintuple vainqueur du Tour, Raphaël Géminiani, deux fois sur le podium de la Grande Boucle dans les années 50, ou Jean Stablinski, vainqueur du Tour d'Espagne 1958, expliquent avoir eu recours au dopage. Tout en rappelant qu'ils sont des champions d'exception, comme le résume Raphaël Géminiani : "S'il fallait, pour devenir un grand champion, passer chez le pharmacien, mon facteur serait champion du monde, lui aussi."

Source


Nota bene : en Occident, les médecins entament leur carrière après avoir prononcé un serment dit d'Hippocrate, d'où mon jeu de mots avec le serment d'hypocrite...