... pour prendre la défense de Raymond Domenech, je serai celui-là !
C'est quand même drôle : il est nul, il est le principal responsable de la catastrophe en Afrique du Sud, mais quand l'équipe de France atteint une finale de coupe du monde (2006), alors on raconte partout que ce sont les joueurs qui se sont pris en main...
Sur ce plan, Zidane a été clair : jamais il n'a prétendu devenir un sélectionneur-bis car jamais il n'a envisagé de s'immiscer dans des questions de composition de l'équipe et de positionnement sur le terrain.
Dans ces conditions, quand on est un journaliste honnête, on bat sa coulpe et on fait amende honorable, en rendant à César Domenech ce qui revient à César Domenech, à savoir la paternité de la bonne performance de l'équipe de France de football lors du mundial allemand de 2006.
Seulement voilà, à 99,99 %, les adversaires de Domenech sont des gens foncièrement malhonnêtes, ce qui me suffit amplement pour faire un choix : entre n'importe quel guignol faisant office de commentateur sportif en France et Domenech, je n'hésite pas une seconde : ma sympathie va à Raymond.
Ce qui ne veut pas dire que j'estime qu'il n'ait commis aucune erreur. Du reste, a-t-on jamais entendu Domenech affirmer qu'il n'ait jamais commis la moindre erreur ?
Le fait est que la mauvaise foi des uns et des autres, devant ce qui serait une catastrophe "sans précédent" dans l'histoire du football français, me donne envie de vomir, tout simplement.
Petit retour en arrière : 2006, cette fameuse finale contre l'Italie. Imaginons que Zidane, le plus grand footballeur de la galaxie, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, que ce demi-dieu, donc, n'ait pas pêté les plombs bêtement, stupidement, laissant ses camarades à dix, alors même que la partie n'était pas perdue. Supposons, donc, qu'à onze, la France l'emporte aux tirs-au-but. Où seraient tous ces guignols, les Larqué, Lizarazu, Ménès, Duluc, Bieldermann, Vendroux, Riolo et j'en passe ? Six pieds sous terre ? Vous êtes sûrs !
Quand ils se sentaient envahis par la honte et le déshonneur, les samouraïs se faisaient hara-kiri. Mais tout le monde n'a pas le cran d'un samouraï !
Autre retour en arrière, plus récent celui-là. Prenons ce premier match en Afrique du Sud : France-Uruguay, et ce débordement rageur de Ribéry sur l'aile gauche, et ce centre, que dis-je !, ce caviar qui arrive pile-poil dans les pieds de Govou, qui se trouve à deux mètres du but et qui ouvre trop son pied, mettant le ballon à trois mètres du but. Imaginons que cette couille molle de Govou ait transformé ce caviar de Ribéry, et que la France ait pris trois points ce jour-là, se retrouvant en tête de poule, Mexique et Afrique du Sud s'étant neutralisés. Et imaginons maintenant que, sur sa lancée, la France n'ait plus perdu un seul match, se qualifiant pour le deuxième tour. Est-ce que tous ces guignols seraient, aujourd'hui, en train de casser du sucre sur le dos de Domenech, des Anelka, Evra et autres Ribéry ?
Pourquoi je suis solidaire de Domenech ?
Dans ma propre sélection des joueurs dignes d'aller au Mundial, visible sur ce blog, j'avais choisi Govou, estimant qu'il était de ceux qui surnagent encore, quand les autres tirent la langue. Mais là, j'avoue que je me suis planté ! Parce que le caviar de Ribéry évoqué plus haut, un Cissé, un Ben Arfa, un Benzema, un Anelka, un Henry... l'auraient mis au fond.
Et comme Domenech, je me suis trompé sur Govou. Et voilà, ça arrive aux meilleurs de se tromper. La preuve !
Alors, pourquoi voulez-vous que j'aille chercher des poux sur la tête de Domenech, si je suis capable des mêmes erreurs d'appréciation que lui ?
Il se trouve que Govou va en Afrique du Sud, alors même qu'il n'a plus de club. C'est donc un joueur déstabilisé, qui gamberge à propos de son avenir. Ce critère, je n'y avais pas pensé. Un joueur visiblement perturbé par son avenir proche ne devrait pas être sélectionné. La preuve ? Quand il voit arriver le ballon de Ribéry, lui, comme tout le monde, voit ce caviar transformé en but. Or, que fait Govou ? Il a une poussée d'adrénaline : "Ça y est, je vais marquer ! Je vais marquer ! DOUX JÉSUS, JE VAIS MARQUER !"
Du coup, il se demande quel geste, le plus spectaculaire possible, il va pouvoir exécuter, pour épater la galerie et montrer au monde entier comment il sait marquer des buts. Parce que ce but tout fait, sur ce caviar de Ribéry, il va sans dire qu'il va le mettre au fond, forcément ! Et là, finie la galère à propos d'une recherche de club : dès la fin du match, son téléphone et celui de son agent allaient se mettre à crépiter : Manchester par-ci, Milan par-là, ou encore Dortmund, Hambourg, l'Athletico et j'en passe.
C'est à tout ça qu'il pense, le Govou, au lieu de se concentrer sur le jeu, sur le terrain. Monsieur Govou vit un rêve éveillé, comme la Perette et son pot au lait. Seulement voilà, tout à sa rêverie, ne voilà-t-il pas que le ballon de Ribéry est déjà sur son pied, alors même qu'il en est encore à gamberger sur l'angle selon lequel il va exécuter son plat-du-pied : 60 degrés, 75 degrés..., 120 degrés, 180 degrés..., 210 degrés ! Et à 210 degrés, le ballon est trois mètres à côté !
Non mais quel nigaud, ce Govou : après son plus-que-plat-du-pied, le voilà dans la même situation que Perette sans le pot au lait !
Là où je ne suis quand même pas d'accord avec Raymond, c'est que moi, dans la seconde suivant ce loupé, j'envoie Cissé à l'échauffement et je remplace Govou derechef.
Mais enfin, Raymond, pourquoi diable avoir conservé le bien terne Govou aussi longtemps sur le terrain, au détriment d'un Cissé, qu'on a vu si saignant au Panathinaikos ?!
C'est peut-être là l'un des plus gros problèmes de Domenech, qui pourrait expliquer la virulence de certains commentateurs à son égard : un certain manque de réactivité.
Et pour moi, sa plus grosse erreur aura été la trop grande confiance dévolue à Sidney Govou.
Mais ça, c'est de la conjoncture. Sur un plan plus structurel, je me demande si Domenech est un adepte du débriefing, tel qu'on le pratique à l'armée.
Parce que j'ai l'impression que beaucoup d'erreurs auraient été évitées, si l'on avait plus souvent "débriefé", par exemple, dès le retour du mundial de 2006.
Je pense toujours à l'absence de Ludovic Giuly en 2006, après la formidable saison qu'il a vécue avec le Barça (champion d'Europe quand même !), alors même que Domenech sélectionnait le gentil mais bien peu performant Dhorasso. J'avoue qu'à ce jour, je n'ai toujours pas compris que Domenech ait laissé Giuly à la maison, pour sélectionner un Dhorasso qui n'a même pas joué.
Parce qu'à Barcelone, il me semble que Giuly a été mieux traité par Rijkaard que Thierry Henry par Guardiola, et je me souviens de buts importants marqués par Giuly avec le Barça.
Pourquoi fallait-il laisser Giuly à la maison, sinon pour ne pas trop chambrer le (= faire de l'ombre au) plus grand footballeur de la galaxie, j'ai nommé Zinedine Zidane, le galactique du Real Madrid ? Laisser de bons joueurs à la maison, juste pour ne pas "foutre le bordel", en clair, pour ne pas perturber la quiétude de quelques notables, voilà qui semble être une marque de fabrique de Domenech, qui s'est ainsi privé d'excellents éléments, juste pour que les choses continuent comme par le passé, sur un petit rythme peinard et pépère !
Et c'est là que je me livre à une petite spéculation : imaginons que Giuly ait été sélectionné pour le mundial 2006, et qu'il n'ait marqué qu'un but et un seul, en finale contre l'Italie, la France menant 1 à zéro à la xième minute de la deuxième mi-temps..., Zidane étant censé déclencher son coup de tête une minute plus tard. Croyez-vous sérieusement que Zidane aurait pêté les plombs, comme il l'a fait, si la France avait eu un but d'avance sur l'Italie ?
Ne pas sélectionner Ludovic Giuly pour le Mundial 2006 a été une colossale erreur. Il faut bien le reconnaître aujourd'hui, et en ce qui me concerne, je n'ai toujours pas compris comment un sélectionneur peut se louper de cette façon ! On me dira que Dunga s'est bien loupé, en préférant le terne et insipide Kaka au flamboyant Ronaldinho, qui était bien revenu avec Milan et qui, je n'en doute pas un instant, aurait formé un tandem de feu avec Robinho. Ronaldinho a beaucoup manqué au Brésil (1). Tant pis pour Dunga !
Vous aurez remarqué que je n'ai jamais dit que j'étais un inconditionnel de Domenech. J'estime qu'il a commis de colossales erreurs. Précisément, et c'est en cela que je ne suis pas d'accord avec la meute des loups lâchés à ses basques, moi, je distingue les erreurs structurelles, qui vont engager le long terme, contrairement à tous ces guignols de soi-disant experts en football, qui ne relèvent que des problèmes conjoncturels, comme le fait de mettre Ribéry à gauche ou à droite, Toulalan ici, Gallas ou Abidal là, Gignac par-ci, Gourcuff par-là..., choses qui ne représentent pas l'essentiel, selon moi.
Et là, j'ai l'envie de dire à Domenech : "Allez quoi, Raymond, tu ne vas pas t'en aller comme ça, sur la pointe des pieds, comme un voleur, sans nous offrir une petite séance de débriefing ! "
(1) Où qu'il joue, Ronaldinho se distingue comme un excellent tireur de coups francs et de penalties. Mais un penalty, ça se provoque ; et un artiste aussi virevoltant que Ronaldinho sait mettre les défenses adverses en difficulté, ceci expliquant cela ! Combien de penalties déjà au profit du Brésil lors du Mundial sudafricain ?