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lundi 9 août 2010

Petit courrier



À l'attention de Monsieur le Président (par intérim) de la Fédération Française de Football.

Monsieur le Président,

Permettez-moi de m'étonner du tohu-bohu provoqué en France par les mauvais résultats de l'équipe de France de football en Afrique du Sud.

Je sais bien que l'on s'habitue à tout, ce qui fait que bien des gens pensent que la France doit gagner une coupe du monde sur deux, alors même que la meilleure équipe de football du monde, je veux parler du Brésil, n'en est qu'à cinq trophées au total, en ayant raté quelques finales ou demi-finales, quand comme en Afrique du Sud, elle ne s'est pas plantée en quarts !

Dépêche tombée sur France Infos, ce 9 août 2010 : "Tennis. Classement ATP. Aucun joueur américain ne figure dans les dix premiers du classement, une première depuis la création de l'ATP."

Une première, donc. Dans les sports, ce sont des choses qui arrivent.

Aux Etats-Unis mêmes, je doute que ce mauvais classement des joueurs fasse la Une des journaux.

Mais j'arrête là la digression. J'avais commencé par m'étonner d'un tohu-bohu, et, ce faisant, je ne joue pas avec les mots.

Au fond, il est où le problème ?

Supposons que la France ait gagné cette coupe du monde, ou simplement atteint la finale, après l'exclusion d'Anelka, après la "grève" des joueurs... Le tohu-bohu aurait-il existé ?

Parce que, précisément, en 2006, la France joue la finale. Bien, très bien, formidable ! Quel excellent résultat, surtout après avoir éliminé le Brésil un tour plus tôt.

Seulement voilà : peut-on dire que tout a baigné en 2006 ?

Je crois me souvenir, mais je dois être le seul, d'un acte de violence commis sur un stade, un de ces actes de violence dignes d'un caïd immature de banlieue. En pleine finale, Zinedine Zidane va porter un coup de tête à un adversaire, laissant son équipe à dix, donc entravant lourdement les chances de la France de gagner cette finale.

Question : qui, en 2006, a pensé à convoquer Zinedine Zidane devant une commission de discipline ?

Dois-je comprendre que les fautes éventuelles des Abidal, Evra, Anelka, Ribéry, Toulalan, fautes éventuellement commises "en privé", au sein du staff de l'équipe de France, sont plus graves qu'un coup de tête commis de manière délibérée, devant des milliards de téléspectateurs ?

En un mot comme en cent, de qui se moque-t-on avec ce psychodrame ridicule orchestré autour de Domenech et des joueurs de l'équipe de France ?

J'estime, en ce qui me concerne, que les seuls habilités à "juger" Anelka, Evra, Ribéry, Toulalan, Abidal, voire Domenech, doivent être ceux qui avaient jugé Zidane en 2006.

Pourquoi exigerait-on d'Anelka, Ribéry, Toulalan, Abidal ou Evra une moralité supérieure à celle que l'on a (que vous avez) exigée de Zinedine Zidane ? Et pourquoi ceux-ci devraient-ils être plus irréprochables que celui-là ?

En clair, ce que vous n'avez pas fait en 2006 - alors que les circonstances étaient particulièrement graves, en termes de déontologie sportive, avec ce qui se fait de pire en matière d'exemple à (ne pas) donner aux plus jeunes -, vous aurez beaucoup de mal à le faire en 2010, parce que vous ne seriez tout bonnement pas crédibles ! Ou alors, il va falloir que vous m'expliquiez quelle est cette morale, ou si vous préférez cette réglementation, qui vous autoriserait à sanctionner éventuellement Anelka et les autres, réglementation qui vous interdisait de sanctionner ce multi-récidiviste (autour de 15 cartons rouges dans toute sa carrière, contre zéro pour Rocheteau !) qu'a toujours été Zinedine Zidane (déjà expulsé en 1998 lors d'un match de poule contre l'Arabie Séoudite).

J'ai cru comprendre que le multirécidiviste en question s'apprêtait à intervenir auprès des joueurs de l'équipe de France en qualité de..., de quoi déjà ? Grand frère ? Caïd ? Professeur de kung-fu ? Va-t-il, des fois, leur conseiller comment viser une poitrine et taper dans le mille, histoire d'envoyer l'adversaire au tapis ?

Dois-je comprendre, par ailleurs, que vous - Fédération Française de Football - trouvez normal que ce joueur violent, qui, en 2006, ne s'est jamais fendu de la moindre excuse envers son équipe, ni son pays - qui aurait pu gagner cette coupe du monde -, aille maintenant jouer les mentors au sein de l'équipe de France, fût-ce de manière bénévole ?

Si j'étais vous, je me garderais bien de hurler avec les loups, histoire de me trouver des boucs émissaires bien commodes !

En vous souhaitant bonne réception, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations les plus distinguées.

R. W.