Translate

mercredi 1 septembre 2010

Débriefing 04/10



La ci darem la mano...

Paroles de Lorenzo Da Ponte, Musique de Wolgang Amadeus Mozart. Premier acte de l'opéra Don Giovanni, le fameux duo : Don Giovanni, Zerlina.


Don Giovanni- La ci darem la mano .mp3
Found at bee mp3 search engine




Nous nous donnerons la main...

Ainsi s'exprimait Raymond Domenech, demandant, en public, la main d'Estelle, un Domenech encore sur le coup de l'élimination de la France, en 2008, en coupe d'Europe de football. Paroles d'un pestiféré, lynché en place publique par les requins de la presse "sportive", comme avant lui Jacques Santini, Roger Lemerre et... Aimé Jacquet, ce dernier n'ayant eu la vie sauve, en 1998, que grâce à la victoire finale. Et cette incongruité, aux yeux des experts - mais comment a-t-il pu mêler, à ce point et avec une telle désinvolture, le sort de l'équipe de France à sa situation personnelle !? Honte à toi, Domenech !!! - révèle bien les affres par lesquels le sélectionneur français est passé, et le chemin de croix qu'il a dû entreprendre, seul et sans le soutien de quiconque, peut-être hormis la belle Estelle, précisément, ceci expliquant cela.

Ce soir-là, Domenech m'a paru particulièrement humain, en tout cas plus humain que ceux que François Mitterrand aurait appelé "les chiens", lesquels n'avaient visiblement rien appris de leur humiliation de l'année 1998, eux qui auraient souhaité voir Aimé Jacquet se planter...

Les mauvais commentateurs sportifs, et ils sont légion (!), sont d'avis qu'à cette date (2008), l'équipe de France vient de connaître un de se pires résultats sportifs. Moi, qui ne suis pas un commentateur sportif, je persiste à penser que la finale de 2006 est une réelle catastrophe, bien plus grave que l'élimination au premier tour de 2008, parce qu'en 2006, la France aurait pu (dû) gagner ce match, si Domenech avait arrêté les bons choix et s'il y avait tout simplement cru !

Le problème est qu'il n'y a jamais cru ! Gagner une coupe du monde alors qu'on n'est en position de sélectionneur que depuis deux années, vous n'y pensez quand même pas ! Surtout après les échecs des prédécesseurs : un Santini, qu'on a vu si fringuant avec Lyon, un Lemerre, voire un Jacquet. Oui, Jacquet, adjoint du sélectionneur lors du tsunami de l'élimination de novembre 1993.

Donc, tout à fait logiquement, Domenech aborde ce mundial allemand de 2006 dans la position du petit néophyte qui vient apprendre au contact des plus grands, en espérant faire bonne figure, sans plus.

Seulement voilà : il y a plus, avec cette élimination du Brésil par quasiment le seul Thierry Henry.

Et voilà Domenech en position de gagner une finale de coupe du monde en étant l'un des moins expérimentés parmi les sélectionneurs, et il n'y croit pas... Il se retrouve un peu dans la position du cascadeur qui, tout en haut de la tour, réalise, tout d'un coup, qu'il est sujet au vertige. Et qui va se mettre à faire pipi dans son froc !

N'en déplaise aux pseudo experts de l'Equipe, de RTL, Europe 1, France Inter et j'en passe, en abordant cette coupe du monde de 2006 à reculons, Domenech a commis plus qu'une erreur, une faute professionnelle, et je suis persuadé qu'il y pense tous les jours à cette finale dont la France aurait pu sortir victorieuse, bien avant les tirs aux buts !

Laisser Giuly à la maison, et sélectionner Dhorasso et Tchimbonda, sans même les faire jouer... Dieu que j'ai été con !, doit-il penser tous les jours !

Là, je dois dire que je lui laisse la responsabilité de ses propos !

En fait, Domenech doit penser comme moi (!!!) : Giuly aurait apporté sa gnac, rôdée aux côtés de cadors du Barça comme Ronaldinho. Et en chimie, un catalyseur, c'est un agent dont il ne faut pas des tonnes pour qu'il produise son effet.

Vous allez trouver que je radote, parce que la question de la non-sélection de Giuly a déjà été évoquée ailleurs sur ce blog. Je vous l'accorde : ça ressemble à du radotage, mais ça n'a rien à voir. Parce que, précisément, quand vous sortez d'une expérience pareille, avec le sentiment que ça a tenu à pas grand chose, vous y pensez de manière obsessionnelle, forcément !

Et un titre de champion du monde, en 2006, avec si peu d'expérience au poste d'entraîneur, ça vous installe pour longtemps au sein du panthéon des plus grands.

Ah si... ! Putain, si seulement... ! Mais pourquoi n'ai-je pas pensé à ça... ?

Un sélectionneur qui gamberge, tout dépité de s'être planté en 2006, si près du but, par manque de conviction...

Voilà le Domenech, passablement sonné et toujours déprimé par l'échec de 2006, que nous retrouvons en championnat d'Europe en 2008. Il se trouve qu'il n'a toujours pas "débriefé" l'échec de 2006. Et j'en connais qui vont me dire : "Gamberger après 2006, pour n'avoir pas sélectionné Giuly ? Mais vous dites n'importe quoi ! La preuve étant que Giuly n'était toujours pas là en 2008 !"

Précisément : c'est là un des problèmes de Domenech, problèmes qu'un débriefing méthodique, systématique et sans complaisance (le débriefing est un travail d'équipe !) aurait permis de mettre en évidence : la propension à persévérer dans l'erreur, surtout que Giuly ne s'était pas privé de balancer des commentaires ici et là ! Par ailleurs, comment se relancer à un niveau "N", quand vous venez de vous planter au niveau "N + 1" ? Normalement, ça devrait être plus simple : on est arrivé en finale de coupe du monde, normalement, on est programmé pour jouer la finale de l'Euro. Et voilà comment on se met la pression tout seul !

Parce que, si Domenech avait été un cadre militaire, ou si la Fédération Française de Football avait prévu la chose, à la manière des militaires, alors elle n'aurait pas laissé ses sélectionneurs se décarcasser tout seuls dans les merdiers des éliminations de 1993, par exemple, ou de 2006.

Chez les militaires "briefing" et "débriefing" font partie de la culture.

Voici ce qu'on pouvait lire sur le site Eurosport :

Petit à petit, Raymond Domenech y vient. Il faut le temps mais tout vient à point à qui sait attendre. S'il avait refusé de parler de fiasco au lendemain de l'élimination des Bleus face à l'Italie (0-2) le 17 juin dernier, le sélectionneur de l'équipe de France avait lâché le mot "échec" début août, un mois après avoir été conforté à son poste. Désormais certain d'aller au bout des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, l'ancien entraîneur de l'Olympique Lyonnais n'hésite plus à endosser l'échec de l'Euro 2008. Interrogé dans les colonnes du quotidien L'Equipe, Raymond Domenech l'a dit haut et fort : "L'Euro, c'est de ma faute. En 2006, j'avais la conviction d'aller au bout, je savais que cela serait plus compliqué en 2008, que l'image de 2002 et 2004 serait plus forte que 1993 et 2000. Je ne l'ai pas assez expliqué."

Si l'on suit le sélectionneur, ce dernier se serait loupé sur la communication, plus que sur le coaching ou le management. Une thèse qu'il soutient finalement depuis le lendemain de l'élimination des Bleus face à l'Italie. Rien de vraiment nouveau. La forme prime sur le fond. "Quand on fait un choix, on ne pense pas que c'est une erreur. Après, un mauvais résultat fait penser que c'est une erreur. Mais c'est vague," affirme-t-il dans l'entretien. On ne se refait pas...

Fin de citation



Le fait est qu'il ne suffit pas de déclarer "assumer la responsabilité de la défaite" pour régler les problèmes. Parce qu'une telle déclaration relève de l'appréciation subjective des choses, alors qu'un 'débriefing' est une analyse objective des choses, qui ne laisse aucune place à la subjectivité.

Par exemple, quand Domenech déclare qu'en 2006, il avait la conviction d'aller jusqu'au bout, un expert en débriefing lui démontrerait aisément que c'est absolument faux ! Du reste, le fait de cibler essentiellement sa communication comme étant la source de tous les maux est bien la preuve qu'il n'a toujours pas analysé "objectivement" les choses, parce que ce n'est pas la COM qui vous fait gagner des matches !

Donc, en 2008, les joueurs de l'équipe de France de football traînent toujours derrière eux les stigmates que j'évoquais dans mes précédents débriefings, et que ni Domenech, ni la Fédération, n'ont entrepris de circonscrire, une attitude de non-réactivité qui va fonctionner sur le modèle de la boule de neige, les 'tuiles' s'ajoutant aux 'tuiles'.



Source : wikipedia.fr

Il débute la campagne de qualification pour l'Euro 2008 par une revanche sur le champion du monde italien (3-1) le 6 septembre 2006 au Stade de France. Dans cette phase éliminatoire, il s'appuie sur les joueurs ayant pris part à la Coupe du monde 2006 et incorpore de nouveaux joueurs : Karim Benzema, Samir Nasri ou Patrice Evra. Parallèlement, il ferme la porte de la sélection à certains joueurs, dont Ludovic Giuly, David Trezeguet ou Philippe Mexès, malgré leurs bonnes performances en clubs. Au fil des matches éliminatoires, la France perd à deux reprises contre l'Écosse, fait un match nul contre l'Italie au match retour à l'occasion duquel Domenech est suspendu par l'UEFA[4], en raison de ses déclarations visant l'arbitrage durant un match face à la sélection italienne espoirs quelques années auparavant. À l'issue d'un dernier match nul (2-2) contre l'Ukraine, la qualification de la France pour les phases finales est acquise.

Avant l'Euro 2008, il doit effectuer plusieurs choix parmi une liste de 23 joueurs pré-sélectionnés : il décide de se passer de David Trezeguet, Philippe Mexès ou encore Djibril Cissé et fait confiance à ses cadres Lilian Thuram, Claude Makelele et Thierry Henry avec une sélection surprise, celle du jeune stéphanois Bafétimbi Gomis, auteur d'un doublé quelques jours plus tôt contre l'Équateur en match amical. À l'Euro 2008, placé dans le groupe le plus relevé de la compétition, la France est tenue en échec par la Roumanie lors du premier match (0-0) puis est corrigée par la brillante équipe des Pays-Bas (4-1) malgré le retour de Thierry Henry. La défaite face à l'Italie (2-0) clôt le suspense en éliminant la France.

De nombreuses critiques de la part de la presse française et de la presse étrangère, en particulier italienne et britannique, imputent en partie à Raymond Domenech l'échec français à l'Euro. Le Times va jusqu'à lui décerner, avant même l'élimination face à l'Italie, le titre de « plus mauvais sélectionneur de l'Euro ». La presse italienne se montre pour sa part ironique, à l'image du Corriere dello Sport, qui le remercie d'avoir eu « l'idée géniale » de ne pas sélectionner Trezeguet.


Fin de citation


Il faut dire qu'en France, on a une approche absolument monarchique de l'organisation sociale : on nomme un sélectionneur, et durant toute la durée de son mandat, il va se comporter en despote absolu. Il fait absolument ce qu'il veut, ce sont "les choix du sélectionneur", que personne ne va discuter, y compris lorsqu'il se passe de joueurs expérimentés qui, à l'instar de David Trézéguet ou de Ludovic Giuly, cartonnent ou ont cartonné récemment dans leur club.

On voit bien qu'on est à des années-lumière du moindre "débriefing", dans la mesure où la relation humaine, subjective et irrationnelle, l'emporte sur toute autre considération.

Donc, exit Trézéguet et Giuly, parce que le sélectionneur entend s'appuyer sur..., comment dit-on déjà ?, des "cadres", entendez des joueurs présumés inamovibles..., ailleurs, ce type de "cadres" s'appelle des fonctionnaires !


Pré-sélection des joueurs pour l'Euro 2008

Gardiens
  • Grégory Coupet (Lyon)
  • Mickael Landreau (PSG)
  • Sébastien Frey (Fiorentina)
  • Steve Mandanda (OM)
Défenseurs
  • William Gallas (Arsenal)
  • Lilian Thuram (Barça)
  • Willy Sagnol (Bayern Munich)
  • Eric Abidal (Barça)
  • Patrice Evra (Manchester Utd)
  • Sébastien Squillaci (Lyon)
  • Philippe Mexès (Roma)
  • Jean-Alain Boumsong (Lyon)
  • Julien Escudé (Séville)
  • François Clerc (Lyon)

Milieux

  • Patrick Vieira (Inter Milan)
  • Claude Makelele (Chelsea)
  • Jérémy Toulalan (Lyon)
  • Lassana Diarra (Portsmouth)
  • Alou Diarra (Bordeaux)
  • Mathieu Flamini (Arsenal)
  • Franck Ribéry (Bayern Munich)
  • Forent Malouda (Chelsea)
  • Sidney Govou (Lyon)
  • Samir Nasri (OM)
  • Hatem Ben Arfa (Lyon)

Attaquants

  • Thierry Henry (Barça)
  • Nicolas Anelka (Chelsea)
  • Karim Benzema (Lyon)
  • Bafetimbi Gomis (St-Etienne)
  • Djibril Cissé (OM)


Sélection définitive des 23


Gardiens : Grégory Coupet (Lyon), Sébastien Frey (Fiorentina), Steve Mandanda (OM).

Défenseurs : William Gallas (Arsenal), Lilian Thuram (Barça), Willy Sagnol (Bayern Munich), Eric Abidal (Barça), Patrice Evra (Manchester Utd), Sébastien Squillaci (Lyon), Jean-Alain Boumsong (Lyon), François Clerc (Lyon).

Milieux défensifs : Patrick Vieira (Inter Milan), Claude Makelele (Chelsea), Jérémy Toulalan (Lyon), Lassana Diarra (Portsmouth).

Milieux offensifs : Franck Ribéry (Bayern Munich), Florent Malouda (Chelsea), Sidney Govou (Lyon), Samir Nasri (OM).

Attaquants : Thierry Henry (Barça), Nicolas Anelka (Chelsea), Karim Benzema (Lyon), Bafetimbi Gomis (St-Etienne).

La question est maintenant de savoir quel était le niveau d'osmose que l'on pouvait attendre de cette équipe, et dans quelle mesure le ramage valait-il le plumage. En clair, dans quelle mesure tout ce monde était-il prêt à mouiller le maillot, le tout dans l'intérêt supérieur du pays. La réponse est arrivée très vite, dès le premier tour de l'Euro.

Pourtant, bien des "cadres" de cette équipe avaient un CV long comme le bras, avec des performances en club plus qu'honorables. Mais comme chacun sait, il y a loin de la coupe aux lèvres !

Le fait est qu'une chose est de coucher des noms sur le papier, et qu'une autre est de faire prendre la mayonnaise, en fonction des gens que vous allez faire jouer et de ceux qui vont essuyer le banc, avec les conséquences qu'on imagine sur le plan de l'enthousiasme (ne dit-on pas que Thuram aurait voulu sécher un match, dès lors qu'il n'était pas "titulaire" ?). Par ailleurs, Domenech n'avait toujours pas réglé le sort de quelques fantômes hantant les couloirs la maison France depuis sa prise de fonction en 2004, et surtout, depuis son premier gros échec de 2006.

Et que, pour presque tout le monde, Domenech ait surtout souffert d'un déficit de communication, n'est pas étranger à la difficulté d'opérer le moindre "débriefing" cohérent - ce sélectionneur ne sait décidément pas communiquer (sous-entendu avec ces demi-dieux que sont les journalistes) ! - aura été l'explication favorite de tous ces mauvais experts qui ont une part significative dans les naufrages successifs de l'équipe de France.