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mercredi 1 septembre 2010

Débriefing 05/10



Titultionnaire
Ou Tituctionnaire. Il s'agit de néologismes faits d'un 'mix' entre 'titulaire' et 'fonctionnaire'.


Parce que titulaire rime avec fonctionnaire !


Les "experts" en football parlent de titularisation quand un joueur est sélectionné pour débuter un match, et ce, fort curieusement, quelle que soit la durée de sa participation ! C'est ainsi qu'on lit ou entend que "Machin était titulaire lors du match contre telle équipe." On parle aussi, par exemple, de "gardien numéro un", sous-entendu "gardien titulaire", alors même qu'en bon français, les gardiens numéros 2 et 3 pourraient fort bien être traités de titulaires eux aussi, à savoir titulaires respectivement des postes de "gardien numéro 2" et "gardien numéro 3" !

Ce qui montre bien que les docteurs ès commentaires sportifs ne savent pas toujours très bien de quoi ils parlent !

Au basket, on parle de "cinq majeur", ce qui veut déjà dire quelque chose : il s'agit des cinq joueurs cumulant le plus de temps de jeu lors d'un match et sur un plan général, en gros, les plus expérimentés ; ça n'a rien à voir avec une quelconque "titularisation", dès lors que le principe même du basket c'est : je suis sur le parquet, je vais sur le banc, je reviens sur le parquet, je repars sur le banc, le coach  prenant en compte aussi bien la récupération durant le match que les fautes commises.

Par ailleurs, les journalistes sportifs, qui ne savent pas toujours de quoi ils parlent, ignorent manifestement que "titulaire" est un terme relevant tout particulièrement du droit de la fonction publique, à laquelle on accède généralement par la voie du concours. Celui qui réussit à un concours est automatiquement recruté au poste ayant donné lieu à l'ouverture dudit concours et fait l'objet d'une titularisation. C'est ainsi qu'on devient professeur certifié ou agrégé en collège, lycée..., agent de la fonction publique (policier, gendarme, médecin des hôpitaux, instituteur, sapeur-pompier...).

Autant dire que des "titulaires", dans le sport, ça n'existe pas et ça ne devrait même pas exister !

Et pourtant...



S'il fallait une démonstration supplémentaire de la médiocrité d'Elie Baup comme "expert en football" :

... Le coach à casquette suit avec intérêt les performances actuelles d'un autre surdoué, Hugo Lloris, titulaire en équipe de France à seulement 23 ans... Pour le "Mag", l'ancien entraîneur de St-Etienne, Bordeaux, Toulouse et Nantes compare le fulgurant début de carrière de Lloris avec celui de Barthez."

Comme je l'ai déjà évoqué ailleurs, nous avons assisté à une chose absolument inédite, sous la forme d'un véritable lobby en faveur d'un joueur de l'équipe de France de football !




Un talent déjà mature..., une pluie d'éloges..., désormais incontournable...

Et voilà Hugo Lloris promu "gardien-fonctionnaire" ou plutôt "gardien-tituctionnaire" de l'équipe de France.

Tout le monde se souvient forcément de l'éclatante, de l'éblouissante performance, du fulgurant début de carrière de Lloris en Afrique du Sud ! Le meilleur gardien du Mundial sudafricain, forcément !

Le problème avec cette idéologie du titultionnaire, qui ne repose sur rien, c'est précisément le fait qu'elle ne repose sur rien ! Tout le monde sait, ou devrait savoir, que la forme physique, ça va, ça vient. Et pourtant, on va avoir des tituctionnaires installés sur un piédestal quoi qu'il arrive, comme Lloris, même après une piteuse coupe du monde en Afrique du Sud. Du coup, les autres, les non titultionnaires, ont beau s'échiner, il semble que les carrottes soient déjà cuites. Bonjour la motivation !

Le degré zéro de la psychologie sportive !

Ce qui a une double conséquence :

1. Une harmonie de façade affichée par les joueurs, alors que, dans les faits, le non-tituctionnaire souhaite secrètement une tuile pour son concurrent mieux loti, puisque seule une tuile de son concurrent pourrait lui permettre de prendre la place.

2. Un sentiment de déchéance lorsque des changements interviennent, ce qui fait que lorsqu'un titultionnaire est remplacé à son poste, tout le monde y voit une sanction, une disgrâce, une relégation, ce qui est le cas en football, mais pas du tout en basket, ou comme je le rappelais plus haut, le remplacement fait intégralement partie de la culture. Voilà qui va plomber tout le travail du sélectionneur imprudent dans la composition de l'équipe : à chaque fois qu'un changement va intervenir, non justifié par une blessure, tout le monde va supputer une disgrâce du joueur évincé.

Le fait est que la "titultionnarisation" ou "tituctionnarisation" est un système pratiqué à la tête du client, les (mauvais) entraîneurs ayant leurs chouchous et leurs têtes de turcs. Ce système relève d'une totale méconnaissance du principe d'émulation, qui repose, lui, sur l'égalité de principe de tous les joueurs, lesquels ne peuvent donner le meilleur d'eux-mêmes que dans la mesure où ils sont placés sur la même ligne de départ, avec la même probabilité de jouer. Or la tituctionarisation fausse ce principe d'égalité dès le départ. Pourquoi voulez-vous que je me décarcasse à l'entraînement, si je sais que, de toute façon, il y aura toujours un titultionnaire pour me supplanter ?  Un coach qui connaît son métier devrait savoir qu'il n'a de chance de motiver ses joueurs qu'à la condition de leur offrir les mêmes chances de jouer, en se basant uniquement sur la forme du moment et non sur une hiérarchie pré-établie.

Dans la pratique, un tituctionnaire se reconnaît au fait qu'il joue tout le temps, ne débute jamais les matches sur le banc et n'est que fort rarement remplacé, même quand, de l'avis général, il n'est pas en grande forme.

Un exemple parfait de titultionnaire nous est fourni par ce grand joueur que les plus lointaines galaxies nous envient, j'ai nommé Zinedine Zidane.

Petit rappel à l'intention de ceux qui auraient perdu la mémoire. Nous sommes en août 2005.

 





Donc, en pleine phase de qualification pour la coupe du monde de 2006, le grand joueur décide de jouer les sauveurs de l'humanité, et vient s'offrir en sacrifice pour que la France se qualifie. Et ce faisant, il laisse entendre de manière subliminale que les autres joueurs sont des tocards, puisque lui et lui seul est en mesure de qualifier la France. Tout le monde, à l'époque, aura remarqué que la nouvelle du retour du génie absolu émane non pas de l'entraîneur ni de la Fédération Française de Football, mais du site du joueur. Il s'agit bel et bien d'une autosélection, et Domenech va commettre une bien grosse bourde en cédant au caprice de la star, un caprice qui annonce déjà le dernier des caprices, ce soir de finale de coupe du monde.

Et c'est là que les esprits honnêtes se perdent en conjectures, en s'interrogeant : "comment ce type, qui décide de sortir d'une année d'éloignement de l'équipe de France, qui décide de revenir pour qualifier son pays, peut-il être celui-là même qui va ruiner les chances de son pays en pleine finale ? C'est absolument incompréhensible !"

Incompréhensible ? Ce n'est pas tout à fait mon avis !

Bien évidemment, la légende s'est rapidement installée, au détriment du sélectionneur, selon laquelle cette équipe de France de 2006 avait vu les joueurs prendre la direction des opérations, mettant Domenech sur la touche, ce qui fait que nos "docteurs en commentaires sportifs" refusent de lui accorder le moindre quitus pour la "bonne" performance au mundial.

Les joueurs, et Zidane en tête, ont eu beau démentir ce fait, les insinuations continuent, et pourtant, il y a fort à parier que Zidane dit vrai, quand il affirme qu'il n'a jamais été question pour lui de composer l'équipe de France. Il dit vrai un peu et pas beaucoup, dans la mesure où son seul problème était de passer pour le sauveur de la nation en s'auto-sélectionnant en août 2005 via son blog ce qui est déjà beaucoup ! Et là, Domenech commet une de ses plus colossales erreurs, avec la non-sélection de Giuly, vainqueur de la ligue des champions avec Barcelone.

Imaginez Raúl annonçant sur son blog, disons vers août 2009, qu'il se verrait bien donner un coup de main à l'équipe d'Espagne, et imposant littéralement sa présence à Del Bosque. Tout le monde sait que Del Bosque a laissé Raúl à la maison, et que l'Espagne a quand même gagné cette coupe !

Le fait est que Zidane a joué un tour bien pendard à Domenech, qui a capitulé en la circonstance. Car il était où le problème ? Que la France ne se qualifiât pas pour le mundial allemand ? Et alors ? Houiller et son adjoint, Jacquet, ne se sont-ils pas plantés eux-mêmes en 1993 ? Qu'y aurait-il eu de scandaleux à ne pas se qualifier, alors qu'on n'est sélectionneur que pour la première fois et depuis seulement deux ans ? Partir en coupe du monde sans Zidane ? Domenech aurait donné leur chance à de jeunes joueurs (Giuly !), histoire de tourner la page par rapport au groupe de 1998, et personne ne serait allé lui reprocher une éventuelle prestation modeste d'une équipe de jeunes. Mais voilà, comme Domenech ne sait pas trop sur quel pied danser, il va se laisser forcer la main et titulariser Zidane, qui a eu la bonne idée de s'inviter en compagnie de son compère Claude Makelele.

Domenech a donc perdu énormément de son aura en se laissant forcer la main par Zidane. Et l'on peut dire que c'est là que ses ennuis ont véritablement commencé. En grande partie parce qu'il a sous-estimé le degré d'abrutissement de l'autre idot, dont le Q.I. devait à peine excéder celui d'un rat de laboratoire.

Parce qu'il faut avoir le Q.I. d'un rat de laboratoire - ou simplement d'un rat quelconque, même si les rats sont loin d'être des animaux stupides, vu la manière dont ils ont réussi à proliférer, en se riant des pièges et autres raticides que les hommes installent en travers de leur chemin - pour ruiner les chances de son équipe dans une finale de coupe du monde, après avoir proclamé, près d'un an plus tôt, que l'on souhaitait revenir en équipe de France pour l'aider à se qualifier et pour l'amour du maillot !

Après s'être servi de Domenech pour humilier le reste de l'équipe (hormis Makelele), en se faisant passer pour "incontournable", Zidane fait ce que font tous les enfants gâtés, qui cassent le jouet tout neuf qu'ils réclamaient à cors et à cris quelques instants plus tôt. Tous les pédopschychiatres connaissent ce genre de gamins immatures.

Dans ces conditions, on imagine les ressentiments, confinant même à la haine, éprouvés par l'ensemble des joueurs de l'équipe de France, après cette finale de merde ! Il est vrai que, là encore, Zidane va avoir un coup de bol, après le loupé de Trézéguet lors des tirs au but. Car dans sa petite tête de rat de laboratoire, ne voilà-t-il pas qu'il se dit : "Moi sur le terrain, j'aurais mis le ballon au fond !". Et le monde entier de penser : "Ah, si Zidane était resté sur le terrain, nous aurions sûrement gagné !" Et, du coup, cet idiot retourne la situation à son profit : ce n'est pas sa stupidité qui prive la France d'une coupe du monde ; car le coup de tête, c'était la faute de Matterazzi ! Quant à la défaite, c'était la faute de cette larve de Trézéguet. Et zou !

Voilà qui vous explique que notre caïd immature continue de passer pour un grand du football, tout le monde fermant les yeux sur l'immense bêtise ayant justifié le carton rouge.

Voilà donc le foutoir dans lequel se trouve l'équipe de France au lendemain de cette coupe du monde bizarre, à laquelle le sélectionneur ne croyait pas du tout, dans la mesure où il y est allé sans penser une seconde qu'il parviendrait en finale (Domenech ne pensait sans doute pas venir à bout du Brésil !). Un sélectionneur sans conviction, donc, manipulé par Zidane et, pour cette raison même, passablement décrédibilisé auprès des joueurs, notamment tous ceux qui n'avaient pas été de l'épopée de 1998 et qui rêvaient, eux aussi, de soulever la coupe, maudissant le monde entier, et notamment Domenech, Zidane, et peut-être un peu Trézéguet...

Revenons à Trézéguet : j'ai déjà évoqué (débriefing n° 2) cet acte manqué qu'il commet lors des tirs au but, comme une façon de refuser l'idée d'avoir à soulever la coupe en compagnie de Domenech, et peut-être aussi de Zidane ! Tous les psychologues connaissent cette "panne de cerveau", qui fait que le sujet refuse d'admettre certaines choses, à l'instar de ces femmes enceintes qui refusent d'admettre leur grossesse, allant jusqu'à accoucher en catimini pour mieux se débarrasser du foetus. Ce soir-là, Trézéguet était dans le "déni" !

La leçon à tirer de cette coupe du monde ? Très simple : en s'invitant dans le casting en août 2005, l'abruti du coup de tête contre Materazzi crée une Zidane-dépendance qui va plomber l'atmosphère pour le restant de la compétition. Peut-être avait-il des soutiens au sein de l'équipe ; on dit que Thuram en faisait partie. Toujours est-il que le sélectionneur perd une grande part de sa crédibilité, dès lors qu'en s'appuyant de nouveau sur un "ancien", qui avait ouvertement annoncé son retrait de la sélection nationale après le fiasco de l'euro 2004 (parce que Zidane aussi a connu des fiascos !), Domenech renvoie aux calendes grecques l'opportunité de rebâtir l'équipe sur de nouvelles bases. Pire : ce faisant, il fait passer les autres joueurs pour des incompétents, parce qu'avec Zidane, on allait voir ce qu'on allait voir : enfin tout allait baigner dans l'huile.

Le revers de la médaille de la Zidane-dépendance ? La France n'avait, paraît-il, aucune chance de se qualifier sans lui, et par voie de conséquence, lui parti, on filait droit à la catastrophe.

Et lui parti, sur carton rouge, lors des prolongations de cette fameuse finale, on comprend que pour les autres joueurs, que l'on (Domenech, Zidane et les adorateurs de ce dernier) avait persuadés qu'ils étaient nuls, les carrottes aient été déjà cuites !

Le courage et la volonté de rebâtir l'équipe auraient voulu que l'on renonçât aux "vieux" de 1998, dont Zidane et Thuram, pour lancer des jeunes dans le bain, quitte à réaliser une performance modeste en 2006. Le fait est que les Thuram et autres Zidane n'ont fait que retarder l'indispensable reconstruction de l'équipe de France avec l'injection de sang neuf. Et pour n'avoir pas su sur quel pied danser, dès 2006, Domenech va se tirer une belle balle dans le pied.

Nos "docteurs ès football" semblent n'avoir pas réellement pris la mesure du désastre de 2006 - les pauvres ! -, dans lequel ils ne retiennent que la "bonne" performance consistant à accéder à la finale, les joueurs ayant pris, paraît-il, la direction des opérations, alors même que cette finale ratée représente, selon moi, la faute majeure commise par Raymond Domenech sélectionneur, une faute qui va en appeler d'autres, à l'instar de la rupture de barrage en amont, qui va déclencher toute une suite de cataclysmes en aval...