Un naufrage africain...
Pourquoi ne pas le dire ? Cette coupe du monde de football fut un beau naufrage.
Un naufrage africain ? Vous l'entendez dans quel sens ?
On peut l'entendre dans au moins deux sens : un naufrage africain, puisque la chose se passe en Afrique, mais aussi un naufrage africain, c'est-à-dire impliquant essentiellement des Africains.
Très honnêtement, si l'on interroge les Anglais, Argentins, Brésiliens, Portugais, et même les finalistes néerlandais sur le bilan de cette coupe du monde - sans oublier tous ceux qui n'étaient pas là : Belges, Russes, Ukrainiens, Hongrois, Bulgares, etc. -, je doute fort qu'ils sautent au plafond d'enthousiasme, les seuls à pouvoir se réjouir étant probablement les vainqueurs espagnols, et encore ! Sur un plan nominal - la mention España gravée sur la coupe -, les Ibères sont bien les grands triomphateurs du tournoi. Cela dit, je n'ai pas vu une grande équipe d'Espagne, laquelle a même connu des débuts assez poussifs, tout en se distinguant par un nombre plutôt riquiqui de buts marqués. C'est dire si un peu d'honnêteté intellectuelle devrait inciter Del Bosque à faire la moue, surtout lorsqu'il visionnera les matches de son équipe à la vidéo.
Bien sûr, pour une grande nation du football comme l'Espagne, une si longue disette devait prendre fin tôt ou tard. Mais bon, d'autres seraient en droit de s'estimer lésés par le sort : le Portugal d'Eusebio, les Pays-Bas de Cruyff, par exemple, auraient mérité, eux-aussi, de rapporter le trophée à la maison.
Tout ça est bien gentil, mais pour l'heure, c'est le naufrage des Africains en terre africaine qui m'intéresse ici.
Parce que, pour un naufrage, ce fut un beau naufrage !
À commencer par celui de la meilleure équipe continentale, l'Égypte, absente des débats au sommet ! Il faut croire que les Égyptiens ont si peu confiance dans leur potentiel mondial qu'ils préfèrent jouer les borgnes au pays des aveugles. Voilà donc une équipe qui aligne les victoires en finale de CAN, et qui disparaît des tablettes dès qu'il s'agit de Mundial ! C'est quand même incroyable, non ?
Il faut dire que les Algériens ont joué des matches d'anthologie contre leurs grands voisins du Machrek, tout comme ils avaient déjà livré un grand match pour éliminer la Côte d'Ivoire de la CAN, à se demander si les Algériens n'ont pas épuisé tout leur influx physique et nerveux tant en CAN qu'en matches de qualification, arrivant au Mundial quasiment sur les rotules. Et cette observation vaut pour d'autres équipes.
Et en cette année 2010, la CAN précédait le Mundial de quelques semaines.
Parce que l'Afrique est le seul continent qui organise son championnat des nations non pas tous les quatre ans, en alternance avec la coupe du monde, mais tous les deux ans.
Et organiser un championnat continental, ça mobilise de gros moyens, dites donc ! Mais il faut croire que l'Afrique est plus riche que l'Europe, l'Asie ou l'Amérique latine, dont les championnats continentaux n'ont lieu que tous les quatre ans !
Donc les Africains jouent la CAN tous les deux ans, avec obligation d'aménager voire de construire des stades modernes, le tout dans des pays privés d'un véritable football professionnel et d'un vrai championnat national des clubs, et surtout, privés d'un public payant assez nombreux pour remplir, et donc, rentabiliser ces stades.
Et s'il n'y avait que les stades ! Mais tout le monde sait que l'Afrique est un continent qui roule sur l'or, où la situation sanitaire, les routes, le système scolaire, les transports, etc., sont florissants !
Vous avez aussi des joueurs, en général les plus emblématiques, qui évoluent presque tous en Europe, où les meilleurs sont souvent impliqués en Ligue des Champions (cf. Eto'o, Drogba, Kalou, Essien, etc.). On imagine pour ces joueurs la charge de travail que constitue un championnat des clubs, plus une voire deux coupe(s) nationale(s), plus éventuellement une coupe continentale des clubs, plus tous les deux ans une CAN, plus tous les quatre ans un Mundial. Bonjour le surmenage physique et mental !
Plusieurs grands joueurs ont été tout à fait emblématiques en la matière : Essien et Drogba, blessés à un fort mauvais moment, et Eto'o, qui semblait avoir vieilli de dix ans.
Une seule star vous manque, ou n'affiche pas une forme olympique, et c'est la catastrophe !
Il faut dire que la plupart des équipes africaines sont construites selon le principe du tropisme ou de la "star"-dépendance. Je veux dire par là que toute l'équipe est censée jouer pour la star.
Et comme par hasard, contre le Brésil, au premier tour, c'est la star emblématique, Didier Drogba, qui va marquer l'unique but des Ivoiriens. Mieux, voire pire : ce Drogba, qui sauve l'honneur pour la Côte-d'Ivoire, porte une attelle au bras ! Un estropié pour sauver les Ivoiriens de la noyade ; vous parlez d'un désastre !
Une seule équipe qualifiée pour le deuxième tour : le Ghana. Je passerai sur le cas de l'Afrique du Sud, principale puissance économique du continent, mais encore limitée au niveau du football, étant donnée la longue tradition que représente encore le rugby. Par ailleurs, dans un contexte un peu comparable, les Etats-Unis ont aussi organisé une coupe du monde, ce qui était stratégiquement judicieux, dès lors que l'on cherche à développer le soccer sur ces terres de football américain et de base-ball.
Et voilà, donc, nos Ghanéens investis de tous les espoirs d'un continent, jusqu'à cette fameuse main d'un Uruguayen sur sa ligne de but. Comme je l'ai déjà écrit ailleurs, je suis à peu près certain que l'autre enfoiré va se louper. Donc, je ne regarde pas. Et il se loupe : le tir n'est même pas cadré !
Dans ce genre de situation, tout le monde doit se dire : "C'est quand même pas croyable : le sort lui est favorable, on est à une poignée de minutes du coup de sifflet final, et il se loupe. Mais qu'est-ce que c'est que ces professionnels !"
Je revois encore Serguéi Bubka au Japon, nous sommes en 1991, lors des championnats du monde d'athlétisme. Il a loupé toutes ses barres précédentes et il lui reste un saut pour éviter l'élimination tout en prenant la tête de la compétition. Dans les tribunes, son épouse et les enfants sont tendus. Fabuleuse séquence que celle des enfants Bubka et de leur mère, sautant en l'air après le saut réussi de leur père et mari, qui va décrocher la médaille d'or. C'est dans des moments pareils qu'on peut juger du talent d'un sportif, et surtout, de sa force mentale, parce que là, tout se joue au mental.
Et il faut croire que, de mental, l'autre chiffe molle ghanéenne n'en avait pas beaucoup, à moins qu'il n'y ait une autre explication : les gris-gris.
Je l'ai déjà évoqué ailleurs, mais je vais en remettre une couche : l'Afrique reste le continent des rebouteux, charlatans et autres marabouts, en tout cas dans sa zone subsaharienne, où l'on a autour de 100 % d'animistes, les religions importées (islam et christianisme) n'étant qu'un vernis qui s'écaille facilement.
Et en matière de sport, les sorciers sont toujours de sortie. Ce qui veut dire que quelques volailles ont dû passer de vie à trépas dans les arrières-cours de résidences sud-africaines, histoire de s'attirer la bienveillance des esprits. Le résultat de tout ça est que vous avez des gens qui comptent d'abord sur l'intervention de forces surnaturelles avant de compter sur leurs propres forces. Ce qui veut dire que nos Ghanéens n'ont pas dû beaucoup travailler les tirs au but, comme ils ne travaillent pas énormément d'ailleurs : en sport, les gros travailleurs, on les connaît ; il suffit de voir les performances aux Jeux Olympiques : en Afrique, il y a les Ethiopiens, les Kenyans et quelques Maghrébins. Ici, pas de place pour les gris-gris ; seul le travail paie.
J'entends d'ici l'objection : "Mais mon bon monsieur, et les sélectionneurs ? Tous ces Européens qui entraînent des équipes nationales africaines, vous n'allez pas les impliquer aussi dans vos affaires de gris-gris !"
Les sélectionneurs, je ne sais pas, mais leurs assistants (africains) sont à coup sûr versés dedans. Sinon, ils ne seraient pas Africains !
Donc, on se repose sur des oracles plus ou moins bidons, et l'on ne travaille pas vraiment, ce qui fait que nos Ghanéens n'ont pas dû s'exercer aux tirs au but, dès lors que le sorcier de service a dû leur promettre qu'ils gagneraient par deux buts à zéro ou trois à un... Ce qui entraîne un autre effet : à partir du moment où les choses, sur le terrain, ne se déroulent pas comme le sorcier l'a prédit, les joueurs perdent rapidement les pédales, et ça, c'est typique de la plupart des équipes africaines, peu habituées à arracher des résultats dans le "money time" : on est mené à une demi-heure de la fin, mais on ne se bat plus, on capitule, comme si le match était déjà fini !
Regardez les performances sportives des pays à forte culture animiste - au hasard : Togo, Nigéria, Bénin, Gabon, Guinée(s), Angola, Congo, Zaïre... - et concluez.
Deux mots tout de même, à propos de cette "prolifération" de sélectionneurs étrangers. J'ai commencé ce blog par un coup de gueule contre la bureaucratie footballistique ivoirienne et sa décision imbécile ayant conduit à l'éviction de Vahid Halilhodzic, et ce, bien qu'il ait qualifié l'équipe pour le mundial, ce qui était quand même pus important qu'une CAN.
Il faut essayer de comprendre certains Africains : ils ont été élevés dans le culte de l'homme blanc, auteur d'une civilisation très brillante, voire clinquante, toutes choses qui éblouissent les gens sortant de la "brousse". Voyez les SAPEURS congolais, capables de jeûner des années durant, rien que pour pouvoir venir s'offrir, à Paris, la paire de chaussures ou la chemise de grande marque qu'ils ont aperçue dans un catalogue ou portée par une star du show-business dans un clip ou dans un film. Ça vient de chez les Blancs, donc ça a de la valeur. D'où cette propension à porter des costumes en pure laine vierge que les Européens ne portent que durant la saison froide. Regardez comment s'habillent 95 % des bureaucrates et politiciens africains, et dites-vous bien qu'au Gabon, Cameroun, Congo, Nigeria, etc., il fait 35 degrés à l'ombre !
Cette fascination se lit aussi dans la volonté de la bureaucratie africaine de s'acheter des pieds-à-terre en Europe, d'inscrire leurs enfants dans des internats en Europe, jusqu'à venir y faire des courses pour des choses tout à fait triviales comme des fournitures scolaires, produits de beauté voire nourriture (fromage, vins et spiritueux...) !
Donc, fascination pour tout ce qu'a fait l'homme blanc. Mais, dans le même temps, une haine sourde et rentrée, héritage de la période coloniale. D'où une envie folle de régler des comptes avec le toubaab. Regardez l'état des relations plus qu'ambiguës qu'entretiennent, par exemple, France, Grande-Bretagne et Belgique avec leurs ex-colonies (cf. les quartiers africains à Paris, Londres ou Bruxelles).
Autant dire qu'on a là des comportements tout à fait schizophréniques de la part de gens visiblement assis entre deux chaises. Et je dois ici faire part d'une expérience personnelle : déjà étudiant, j'assurais pas mal de cours particuliers à domicile, ce qui m'a fait passer dans toutes sortes de familles. Il se trouve que 99 % des enfants nés en France de parents russes, polonais, tchèques, chinois, japonais, espagnols, portugais..., sud-américains, etc., parlent la langue de leurs grands-parents, pour la pratiquer assidûment à la maison ; tout le contraire des petits Africains, dont j'estime à moins de 10 % la proportion de ceux qui maîrisent la langue maternelle de leur mère ! C'est ainsi que, dans ma propre famille, je constate que la quasi-totalité de mes neveux nés en Afrique me parlent en français parce qu'à la maison, leurs parents, pourtant de la même ethnie, ne leur parlent qu'en français !
Comment voulez-vous ne pas être déboussolé sur un plan identitaire, quand vous n'avez même pas de langue maternelle ? Je compte bien évoquer, un jour, la question de tous ces jeunes "issus de l'immigration", comme on dit à la télé, qui manifestent un réel syndrôme de désintégration (le contraire de l'intégration), par exemple, en sifflant l'hymne national du pays dont ils possèdent la nationalité !
Ce comportement schizophrénique se retrouve à tous les niveaux des sociétés africaines, et notamment dans la propension à recruter des sélectionneurs européens plutôt qu'africains, parce qu'en plus, il y a ce poncif de la division ethnique : un sélectionneur indigène ne serait-il pas enclin à ne sélectionner que des joueurs de son ethnie, ou de sa région (nord contre sud), ou de son groupe socio-religieux (chrétien ou musulman)... ? Voyez l'imbroglio politique ivoirien à la suite de la rébellion des gens du nord, avec l'implication forte de certains joueurs comme Drogba.
Pour faire court, il se peut fort bien que la présence systématique d'Européens sur le banc de touche de la quasi-totalité des équipes africaines suscite un sentiment de gêne dans le public, surtout parce que cela risque de contrarier l'émergence de cadres africains, relégués au rang d'éternels assistants du sorcier blanc. Et sur place, en Afrique même, le public populaire ne se gêne pas de manifester bruyamment sa réprobation, surtout en cas de résultats mitigés. Je revois encore ce journaliste camerounais agressant littéralement Paul Le Guen, à qui il demandait ce qu'il fallait qu'on lui verse comme (gros) salaire pour enfin commencer à obtenir des résultats avec l'équipe nationale.
Et voila nos "sorciers blancs" affublés du rôle de boucs émissaires, les mêmes bureaucrates africains, si unanimement fascinés par l'Europe, n'hésitant pas à donner libre cours à leurs instincts vindicatifs, trop heureux sans doute, de se "faire un toubaab", pour une fois qu'ils en ont un sous leurs ordres ! D'où l'éviction sans ménagement des Halilhodzic, Gili, Michel, Lemerre, et consorts. Politique incohérente et versatile, autant dire stupide, parce qu'il se trouve que, parmi tous ces entraîneurs, il y a de véritables "Africains dans l'âme" (cf. l'excellent Claude Leroy) même s'il y a aussi quelques mercenaires sans scrupules.
En ce qui me concerne, je retiens qu'un pays peu doué pour le sport, comme le Gabon, s'est trouvé en position d'éliminer le Cameroun lors des matches de qualification pour le mundial 2010, comme preuve qu'Alain Giresse a fait du bon boulot. Lequel Giresse n'est visiblement plus le sélectionneur du Gabon !
Avec ces chamboulements perpétuels dans l'encadrement, je ne vois pas très bien comment le football africain peut espérer sortir un jour de l'ornière ! Mais le vrai problème tient sans aucun doute dans la médiocrité de la bureaucratie sportive africaine, à l'image de la médiocrité de toute la bureaucratie africaine, d'ailleurs ; voyez ces chefs d'Etat, dictateurs avachis et ventripotents, dont le Q.I. moyen ne doit guère dépasser celui d'une chauve-souris !
Le marasme du sport africain n'est qu'un avatar du marasme structurel qui mine ce continent, marasme caractérisé par la profonde déconfiture de ses élites, lesquelles, bien que souvent formées dans les meilleures universités occidentales, en sont toujours réduites à aller chercher des idées chez les autres.
Et de cette grisaille émergent quelques personnalités remarquables, presque toujours des sportifs d'ailleurs, et quelques artistes. C'est ainsi que le monde du football a découvert quelques étoiles nommées Salif Keita, Rachid Mekloufi..., Georges Weah, et aujourd'hui, Samuel Eto'o ou Didier Drogba. Quelques personnalités remarquables émergeant de la grisaille, autant dire des hirondelles, qui ne font pas forcément le printemps.
Du coup, d'aucuns se disent que ce serait bien si les talents africains cessaient de se faire détourner par les pays de l'hémisphère nord, parce que ça en fait, des talents nés de parents africains, et évoluant au sein des équipes de France, de Belgique, d'Allemagne ou du Portugal, etc. Certains d'entre eux vont même jusqu'à faire banquette en équipe de France, de Belgique..., passant à côté d'une grande carrière internationale. Un nom, au hasard : Sabri Lamouchi, qui a cruellement manqué à l'équipe de Tunisie.
On voit bien que le sport africain serait bien plus fort, s'il n'était pas systématiquement pillé par les pays du Nord. Ainsi parle la vox populi. Mais l'on n'est pas obligé de s'aligner sur la vox populi, parce que, pour la plupart, les talents africains évoluant en Europe ne sont pas nés en Afrique. Ce sont donc des produits du système éducatif européen, étant passés par des centres de formation européens. Par conséquent, leur formation ne devant rien à l'Afrique, on ne voit pas très bien où serait le pillage ? Que je sache, Ben Arfa n'a pas éclos en Tunisie mais bien en France, son pays formateur.
Oui, rétorqueront d'autres voix. Et alors ? Et pourquoi, dans le cadre de la coopération, les pays du Nord ne participeraient-ils pas à la formation de joueurs du Sud, dès lors, par exemple, que tous les footballeurs d'origine africaine et de nationalité française peuvent difficilement être alignés en équipe nationale française, où il n'y a que vingt-trois places !
Quand je vois un Djibrill Cissé se morfondre sur un banc de touche en équipe de France, alors que le pays de ses parents serait ravi de le compter en équipe nationale !
Et c'est là que la bureaucratie sportive africaine pourrait faire la preuve qu'elle sert encore à quelque chose, en négociant avec la FIFA et les instances internationales la question du statut de ces centaines voire milliers de sportifs africains de toutes générations, évoluant en Europe et titulaires de la nationalité d'un pays européen. Ça nous vaudrait un autre "Arrêt Bosman", qu'on pourrait baptiser "Arrêt Diarra", ou "Diawara", ou "Cissé"..., par exemple.
Par ailleurs, je suggérerais volontiers à la FIFA, ainsi qu'à tous les bailleurs de fonds censés "aider" l'Afrique, de faire pression sur la fédération africaine de football pour qu'elle s'aligne sur les autres continents pour l'organisation de la CAN en alternance avec le mundial suivant un discours simple : "on veut bien vous aider, mais pas au point d'encourager la gabegie financière consistant à organiser une coupe des nations tous les deux ans !" À cela devrait s'ajouter l'indispensable "traçabilité" destinée à éradiquer le commerce d'esclaves organisé par certains requins faisant venir d'Afrique de jeunes joueurs transformés en vulgaires produits de pacotille.
Sur le terrain même, on voit bien que des bons Samaritains ont entrepris de créer des centres de formation pour les jeunes joueurs. On remarquera, en passant, que la plupart des initiatives sont venues de l'extérieur... Mais bon !
Le fait est que le blé lève : lors de la dernière coupe du monde, on a vu l'un ou l'autre jeune Ivoirien sorti du centre de formation de Jean-Marc Guillou, à qui il faudrait décerner une médaille, ainsi qu'à Bernard Lama et à quelques autres.
Comme preuve qu'à la médiocrité, nul n'est tenu !
Une seule équipe qualifiée pour le deuxième tour : le Ghana. Je passerai sur le cas de l'Afrique du Sud, principale puissance économique du continent, mais encore limitée au niveau du football, étant donnée la longue tradition que représente encore le rugby. Par ailleurs, dans un contexte un peu comparable, les Etats-Unis ont aussi organisé une coupe du monde, ce qui était stratégiquement judicieux, dès lors que l'on cherche à développer le soccer sur ces terres de football américain et de base-ball.
Et voilà, donc, nos Ghanéens investis de tous les espoirs d'un continent, jusqu'à cette fameuse main d'un Uruguayen sur sa ligne de but. Comme je l'ai déjà écrit ailleurs, je suis à peu près certain que l'autre enfoiré va se louper. Donc, je ne regarde pas. Et il se loupe : le tir n'est même pas cadré !
Dans ce genre de situation, tout le monde doit se dire : "C'est quand même pas croyable : le sort lui est favorable, on est à une poignée de minutes du coup de sifflet final, et il se loupe. Mais qu'est-ce que c'est que ces professionnels !"
Je revois encore Serguéi Bubka au Japon, nous sommes en 1991, lors des championnats du monde d'athlétisme. Il a loupé toutes ses barres précédentes et il lui reste un saut pour éviter l'élimination tout en prenant la tête de la compétition. Dans les tribunes, son épouse et les enfants sont tendus. Fabuleuse séquence que celle des enfants Bubka et de leur mère, sautant en l'air après le saut réussi de leur père et mari, qui va décrocher la médaille d'or. C'est dans des moments pareils qu'on peut juger du talent d'un sportif, et surtout, de sa force mentale, parce que là, tout se joue au mental.
Et il faut croire que, de mental, l'autre chiffe molle ghanéenne n'en avait pas beaucoup, à moins qu'il n'y ait une autre explication : les gris-gris.
Je l'ai déjà évoqué ailleurs, mais je vais en remettre une couche : l'Afrique reste le continent des rebouteux, charlatans et autres marabouts, en tout cas dans sa zone subsaharienne, où l'on a autour de 100 % d'animistes, les religions importées (islam et christianisme) n'étant qu'un vernis qui s'écaille facilement.
Et en matière de sport, les sorciers sont toujours de sortie. Ce qui veut dire que quelques volailles ont dû passer de vie à trépas dans les arrières-cours de résidences sud-africaines, histoire de s'attirer la bienveillance des esprits. Le résultat de tout ça est que vous avez des gens qui comptent d'abord sur l'intervention de forces surnaturelles avant de compter sur leurs propres forces. Ce qui veut dire que nos Ghanéens n'ont pas dû beaucoup travailler les tirs au but, comme ils ne travaillent pas énormément d'ailleurs : en sport, les gros travailleurs, on les connaît ; il suffit de voir les performances aux Jeux Olympiques : en Afrique, il y a les Ethiopiens, les Kenyans et quelques Maghrébins. Ici, pas de place pour les gris-gris ; seul le travail paie.
J'entends d'ici l'objection : "Mais mon bon monsieur, et les sélectionneurs ? Tous ces Européens qui entraînent des équipes nationales africaines, vous n'allez pas les impliquer aussi dans vos affaires de gris-gris !"
Les sélectionneurs, je ne sais pas, mais leurs assistants (africains) sont à coup sûr versés dedans. Sinon, ils ne seraient pas Africains !
Donc, on se repose sur des oracles plus ou moins bidons, et l'on ne travaille pas vraiment, ce qui fait que nos Ghanéens n'ont pas dû s'exercer aux tirs au but, dès lors que le sorcier de service a dû leur promettre qu'ils gagneraient par deux buts à zéro ou trois à un... Ce qui entraîne un autre effet : à partir du moment où les choses, sur le terrain, ne se déroulent pas comme le sorcier l'a prédit, les joueurs perdent rapidement les pédales, et ça, c'est typique de la plupart des équipes africaines, peu habituées à arracher des résultats dans le "money time" : on est mené à une demi-heure de la fin, mais on ne se bat plus, on capitule, comme si le match était déjà fini !
Regardez les performances sportives des pays à forte culture animiste - au hasard : Togo, Nigéria, Bénin, Gabon, Guinée(s), Angola, Congo, Zaïre... - et concluez.
Deux mots tout de même, à propos de cette "prolifération" de sélectionneurs étrangers. J'ai commencé ce blog par un coup de gueule contre la bureaucratie footballistique ivoirienne et sa décision imbécile ayant conduit à l'éviction de Vahid Halilhodzic, et ce, bien qu'il ait qualifié l'équipe pour le mundial, ce qui était quand même pus important qu'une CAN.
Il faut essayer de comprendre certains Africains : ils ont été élevés dans le culte de l'homme blanc, auteur d'une civilisation très brillante, voire clinquante, toutes choses qui éblouissent les gens sortant de la "brousse". Voyez les SAPEURS congolais, capables de jeûner des années durant, rien que pour pouvoir venir s'offrir, à Paris, la paire de chaussures ou la chemise de grande marque qu'ils ont aperçue dans un catalogue ou portée par une star du show-business dans un clip ou dans un film. Ça vient de chez les Blancs, donc ça a de la valeur. D'où cette propension à porter des costumes en pure laine vierge que les Européens ne portent que durant la saison froide. Regardez comment s'habillent 95 % des bureaucrates et politiciens africains, et dites-vous bien qu'au Gabon, Cameroun, Congo, Nigeria, etc., il fait 35 degrés à l'ombre !
Cette fascination se lit aussi dans la volonté de la bureaucratie africaine de s'acheter des pieds-à-terre en Europe, d'inscrire leurs enfants dans des internats en Europe, jusqu'à venir y faire des courses pour des choses tout à fait triviales comme des fournitures scolaires, produits de beauté voire nourriture (fromage, vins et spiritueux...) !
Donc, fascination pour tout ce qu'a fait l'homme blanc. Mais, dans le même temps, une haine sourde et rentrée, héritage de la période coloniale. D'où une envie folle de régler des comptes avec le toubaab. Regardez l'état des relations plus qu'ambiguës qu'entretiennent, par exemple, France, Grande-Bretagne et Belgique avec leurs ex-colonies (cf. les quartiers africains à Paris, Londres ou Bruxelles).
Autant dire qu'on a là des comportements tout à fait schizophréniques de la part de gens visiblement assis entre deux chaises. Et je dois ici faire part d'une expérience personnelle : déjà étudiant, j'assurais pas mal de cours particuliers à domicile, ce qui m'a fait passer dans toutes sortes de familles. Il se trouve que 99 % des enfants nés en France de parents russes, polonais, tchèques, chinois, japonais, espagnols, portugais..., sud-américains, etc., parlent la langue de leurs grands-parents, pour la pratiquer assidûment à la maison ; tout le contraire des petits Africains, dont j'estime à moins de 10 % la proportion de ceux qui maîrisent la langue maternelle de leur mère ! C'est ainsi que, dans ma propre famille, je constate que la quasi-totalité de mes neveux nés en Afrique me parlent en français parce qu'à la maison, leurs parents, pourtant de la même ethnie, ne leur parlent qu'en français !
Comment voulez-vous ne pas être déboussolé sur un plan identitaire, quand vous n'avez même pas de langue maternelle ? Je compte bien évoquer, un jour, la question de tous ces jeunes "issus de l'immigration", comme on dit à la télé, qui manifestent un réel syndrôme de désintégration (le contraire de l'intégration), par exemple, en sifflant l'hymne national du pays dont ils possèdent la nationalité !
Ce comportement schizophrénique se retrouve à tous les niveaux des sociétés africaines, et notamment dans la propension à recruter des sélectionneurs européens plutôt qu'africains, parce qu'en plus, il y a ce poncif de la division ethnique : un sélectionneur indigène ne serait-il pas enclin à ne sélectionner que des joueurs de son ethnie, ou de sa région (nord contre sud), ou de son groupe socio-religieux (chrétien ou musulman)... ? Voyez l'imbroglio politique ivoirien à la suite de la rébellion des gens du nord, avec l'implication forte de certains joueurs comme Drogba.
Pour faire court, il se peut fort bien que la présence systématique d'Européens sur le banc de touche de la quasi-totalité des équipes africaines suscite un sentiment de gêne dans le public, surtout parce que cela risque de contrarier l'émergence de cadres africains, relégués au rang d'éternels assistants du sorcier blanc. Et sur place, en Afrique même, le public populaire ne se gêne pas de manifester bruyamment sa réprobation, surtout en cas de résultats mitigés. Je revois encore ce journaliste camerounais agressant littéralement Paul Le Guen, à qui il demandait ce qu'il fallait qu'on lui verse comme (gros) salaire pour enfin commencer à obtenir des résultats avec l'équipe nationale.
Et voila nos "sorciers blancs" affublés du rôle de boucs émissaires, les mêmes bureaucrates africains, si unanimement fascinés par l'Europe, n'hésitant pas à donner libre cours à leurs instincts vindicatifs, trop heureux sans doute, de se "faire un toubaab", pour une fois qu'ils en ont un sous leurs ordres ! D'où l'éviction sans ménagement des Halilhodzic, Gili, Michel, Lemerre, et consorts. Politique incohérente et versatile, autant dire stupide, parce qu'il se trouve que, parmi tous ces entraîneurs, il y a de véritables "Africains dans l'âme" (cf. l'excellent Claude Leroy) même s'il y a aussi quelques mercenaires sans scrupules.
En ce qui me concerne, je retiens qu'un pays peu doué pour le sport, comme le Gabon, s'est trouvé en position d'éliminer le Cameroun lors des matches de qualification pour le mundial 2010, comme preuve qu'Alain Giresse a fait du bon boulot. Lequel Giresse n'est visiblement plus le sélectionneur du Gabon !
Avec ces chamboulements perpétuels dans l'encadrement, je ne vois pas très bien comment le football africain peut espérer sortir un jour de l'ornière ! Mais le vrai problème tient sans aucun doute dans la médiocrité de la bureaucratie sportive africaine, à l'image de la médiocrité de toute la bureaucratie africaine, d'ailleurs ; voyez ces chefs d'Etat, dictateurs avachis et ventripotents, dont le Q.I. moyen ne doit guère dépasser celui d'une chauve-souris !
Le marasme du sport africain n'est qu'un avatar du marasme structurel qui mine ce continent, marasme caractérisé par la profonde déconfiture de ses élites, lesquelles, bien que souvent formées dans les meilleures universités occidentales, en sont toujours réduites à aller chercher des idées chez les autres.
Et de cette grisaille émergent quelques personnalités remarquables, presque toujours des sportifs d'ailleurs, et quelques artistes. C'est ainsi que le monde du football a découvert quelques étoiles nommées Salif Keita, Rachid Mekloufi..., Georges Weah, et aujourd'hui, Samuel Eto'o ou Didier Drogba. Quelques personnalités remarquables émergeant de la grisaille, autant dire des hirondelles, qui ne font pas forcément le printemps.
Du coup, d'aucuns se disent que ce serait bien si les talents africains cessaient de se faire détourner par les pays de l'hémisphère nord, parce que ça en fait, des talents nés de parents africains, et évoluant au sein des équipes de France, de Belgique, d'Allemagne ou du Portugal, etc. Certains d'entre eux vont même jusqu'à faire banquette en équipe de France, de Belgique..., passant à côté d'une grande carrière internationale. Un nom, au hasard : Sabri Lamouchi, qui a cruellement manqué à l'équipe de Tunisie.
On voit bien que le sport africain serait bien plus fort, s'il n'était pas systématiquement pillé par les pays du Nord. Ainsi parle la vox populi. Mais l'on n'est pas obligé de s'aligner sur la vox populi, parce que, pour la plupart, les talents africains évoluant en Europe ne sont pas nés en Afrique. Ce sont donc des produits du système éducatif européen, étant passés par des centres de formation européens. Par conséquent, leur formation ne devant rien à l'Afrique, on ne voit pas très bien où serait le pillage ? Que je sache, Ben Arfa n'a pas éclos en Tunisie mais bien en France, son pays formateur.
Oui, rétorqueront d'autres voix. Et alors ? Et pourquoi, dans le cadre de la coopération, les pays du Nord ne participeraient-ils pas à la formation de joueurs du Sud, dès lors, par exemple, que tous les footballeurs d'origine africaine et de nationalité française peuvent difficilement être alignés en équipe nationale française, où il n'y a que vingt-trois places !
Quand je vois un Djibrill Cissé se morfondre sur un banc de touche en équipe de France, alors que le pays de ses parents serait ravi de le compter en équipe nationale !
Et c'est là que la bureaucratie sportive africaine pourrait faire la preuve qu'elle sert encore à quelque chose, en négociant avec la FIFA et les instances internationales la question du statut de ces centaines voire milliers de sportifs africains de toutes générations, évoluant en Europe et titulaires de la nationalité d'un pays européen. Ça nous vaudrait un autre "Arrêt Bosman", qu'on pourrait baptiser "Arrêt Diarra", ou "Diawara", ou "Cissé"..., par exemple.
Par ailleurs, je suggérerais volontiers à la FIFA, ainsi qu'à tous les bailleurs de fonds censés "aider" l'Afrique, de faire pression sur la fédération africaine de football pour qu'elle s'aligne sur les autres continents pour l'organisation de la CAN en alternance avec le mundial suivant un discours simple : "on veut bien vous aider, mais pas au point d'encourager la gabegie financière consistant à organiser une coupe des nations tous les deux ans !" À cela devrait s'ajouter l'indispensable "traçabilité" destinée à éradiquer le commerce d'esclaves organisé par certains requins faisant venir d'Afrique de jeunes joueurs transformés en vulgaires produits de pacotille.
Sur le terrain même, on voit bien que des bons Samaritains ont entrepris de créer des centres de formation pour les jeunes joueurs. On remarquera, en passant, que la plupart des initiatives sont venues de l'extérieur... Mais bon !
Le fait est que le blé lève : lors de la dernière coupe du monde, on a vu l'un ou l'autre jeune Ivoirien sorti du centre de formation de Jean-Marc Guillou, à qui il faudrait décerner une médaille, ainsi qu'à Bernard Lama et à quelques autres.
Comme preuve qu'à la médiocrité, nul n'est tenu !