C'est l'histoire d'un cadeau empoisonné et d'un lynchage.
Il leur faut toujours un bouc émissaire et, ce jour-là, ce fut Thierry Henry.
Comme preuve que je suis un ancien lecteur (même épisodique) de l'Équipe.
"En bon professionnel de l’indignation sur commande, Alain Finkielkraut sait qu’il ne faut pas ménager ses mots pour convaincre l’auditeur de l’importance de son propos (car c’est là tout l’enjeu de tels discours) ; aussi recourt-il frénétiquement ou à des locutions latines, ou à des citations ou, à défaut, à des expressions hyperboliques. Lorsque Thierry Henry a offert la qualification à la France en contrôlant la balle avec sa main, voici comment le « philosophe » a réagi dès le lendemain (19 novembre 2009) sur l’antenne d’Europe 1 [9] : « comme tout le monde, j’avais échafaudé deux scénarios : je me préparais à chanter victoire ou à pleurer ’’cum grano salis’’ en cas de défaite. […] Et me voici embarrassé par une victoire déplorable. […] Le jeu c’est les règles, il y a eu triche, une main visible, une main volontaire. Fort heureusement aucun joueur français n’a pu parler comme Maradona de la ’’main de dieu’’. La France ne s’est pas tiers-mondisé à la faveur de cet événement mais, effectivement, on est là devant un véritable cas de conscience. Est-ce qu’il y a une morale dans le sport, puisque je suis un spécialiste de la morale ? ». On ne peut que se réjouir d’avoir échappé à un tel risque de tiers-mondisation."
Si le football est à ce point populaire, c’est que ce « sport spectacle apparaît comme une liturgie de l’identification », pour reprendre les mots du sociologue Paul Yonnet, passionné de foot, dans un très remarquable essai (Une main en trop, éditions de Fallois) où il montre que les joueurs se trouvent ainsi en « représentation d’une identité », en « emblème d’un pays ». La pelouse, stade ultime du patriotisme… Or ici, cette identification a été trahie, défigurée. On a entendu Alain Finkielkraut qualifier les Bleus de « bande de voyous », tandis que le journal l’Équipe les traitait d’« imposteurs ». Parmi les vingt-trois joueurs de la sélection, deux seulement sont nés à l’étranger (Mandanda au Congo et Evra au Sénégal) et la majorité des autres ne sont pas originaires d’une cité ; qu’est-ce qui leur donne cette figure de rebelles trop gâtés à qui personne n’aurait appris un minimum de savoir-vivre et de rigueur sportive ?
Ce rejet avait commencé le 18 novembre 2009 lorsque Thierry Henry avait prêté sa main au but marqué par William Gallas contre les Irlandais pour permettre la qualification de l’équipe de France au Mondial. La France se qualifiait par une tricherie. La honte, aux yeux du monde entier. Mais une honte maquillée en victoire par les autorités du football. Alors se déchaînait la critique. On révélait le salaire de Raymond Domenech (869 000 euros), le sélectionneur, lequel couvrait celui de Ribéry (10 millions pour la saison), puis de Thierry Henry et ainsi de suite jusqu’aux affaires de filles.
"Bien que l'équipe nationale française ait pu remporter cette victoire controversée et gagner le billet lui permettant de disputer une quatrième coupe du monde consécutive, mais les supporters français, dont la plupart sont droit, francs et honnêtes, n'en ressentent pas une grande joie de même que tous les vrais passionnés du football du monde et les titres de la presse française le prouve « Un but injuste offre la qualification pour le Mondial aux Français », « La France se qualifie d'une main », « La qualif en main ! » … ainsi que les commentaires des internautes français 'Bref, ce soir la France gagne à se qualifier pour la CDM, mais elle perd un peu plus le soutien et l' estime de son public.', 'l'essentiel c'est la qualif ! même en trichant ? quel fair play!!', 'Se qualifié en trichant??? Elle est belle la France!!!! Bravo L'Irlande vous méritiez d'aller au Mondial, et vous devriez porter plainte auprès de la FIFA', 'De toute manière pour cette équipe la seul manière de ce qualifier c'étais de tricher', '"la balle rebondit et elle tape ma main", Henry en plus d'être un tricheur, c'est un menteur, elle est belle la mentalité française' … etc. Tout cela montre que le geste intentionnel de Thierry Henry en vue de tricher est totalement et complètement contraire au principe d'égalité dans la concurrence. Comparée a l'équipe argentine qui a eu de la chance de gagner à la dernière minute les deux derniers matchs lors des éliminatoires de la Zone sud-américaine de la Coupe mondiale, la France ressente un peu de l'humiliation pour sa qualification grâce à une passe de la main. C'st pourquoi un commentateur de la chaîne de télévision française TF1 a déclaré immédiatement après la connaissance de l'affaire que le geste de Thierry Henry fait vraiment honte à la France."
Jusqu’à son implosion, aux allures de chute de l’Empire romain, victime de sa propre décadence, certains voulaient encore y croire. « Secouez-vous ! », titrait l’Équipe le matin du match contre le Mexique. Mais la bataille perdue (0-2) faute de combattants a levé les derniers doutes. Fini de se raconter des histoires ! Terminées les justifications techniques et tactiques ! « Les imposteurs », dénonçait le lendemain le quotidien sportif. Raillant, dans un éditorial qui fera date, leur « je-m’en-foutisme […] seule bannière sous laquelle leur équipe est capable de se rassembler » et « leurs boursouflures si mal situées sous leur cuir chevelu quand elles seraient plus utiles juste sous leur ceinture »… Ce n’est plus le jeu, mais bel et bien l’état d’esprit d’une équipe qui n’en est plus une, qui se retrouve désormais au banc des accusés. Ça la France, ces piteux porte-étendards « dont l’emblème devrait désormais être le poulet cavalant sans tête plutôt que le coq » ? Oui, ça la France…
Pour les sonneurs de tocsin, une confirmation. Pour les autres, une déflagration. Seul ou presque,Valeurs actuelles (du 26 novembre 2009) avait “osé” mettre en doute les « qualités morales » des Bleus, encadrement compris, et le risque de divorce avec les Français à l’occasion de la qualification de l’équipe de France, sur une main de son capitaine Thierry Henry, lors du match contre l’Irlande. « Plus que le but fautif lui-même, c’est l’indécente euphorie du onze tricolore et de son staff qui a profondément choqué », écrivions-nous, plaidant, « en plein débat sur l’identité nationale », pour que l’on rejoue le match, afin « de nous réconcilier, d’un coup, avec la bravoure et le panache qui nous ont fait tellement défaut ». Sans doute cela n’aurait-il pas suffi à soigner tous les maux dont souffre l’équipe de France, mais au moins aurions-nous pu, aujourd’hui, lui trouver quelque circonstance atténuante en souvenir de cette fulgurance chevaleresque – si nécessaire à l’intérêt général, mais si peu conforme aux intérêts particuliers.
« L’essentiel est la qualification de l’équipe de France », avait alors commenté le chef de l’État. Non, l’essentiel était ailleurs, comme la suite l’a démontré. Se qualifier pour la plus populaire des compétitions sportives sur une tricherie assumée ouvrait la porte à toutes les déviances. Pour avoir été à courte vue et n’avoir pas réclamé, dès l’origine, la primauté de l’éthique sur le résultat, le pouvoir, qui attendait tant d’un succès des Bleus pour redonner le “moral” aux Français, quitte à transiger avec les règles, a lui-même fourni à ses adversaires les bâtons pour se faire battre.
Je me suis contenté de produire, ici, une infime portion du tombereau de commentaires qui ont suivi cette qualification peu glorieuse, et le moins qu'on puisse dire c'est que pas mal de monde souhaitait la défaite de l'Équipe de France, et ce, depuis longtemps, les événements de juin 2010 n'ayant servi que d'exutoire permettant à tout le monde de se lâcher !
Pour mémoire, l'interview d'un célèbre philologue français (je ne fais pas partie de ceux qui confondent, bêtement, philologie [amour du discours] et philosophie [amour de la connaissance = de la science]), sur l'équipe de France, qui ferait rire tout le monde parce qu'elle est black-black-black..., date de novembre 2005.
C'est dire si, en juin 2010, après "le fiasco sudafricain" (sic), les bananes étaient de sortie sur bien des visages !
Petit retour en arrière. Novembre 2009. Dernier match de qualification pour le mundial sudafricain, dans le cadre des barrages. Novembre, mois funeste pour les équipes de France de football ? En tout cas, les ombres de Kostadinov et de la Bulgarie ne sont pas loin !
Mais j'anticipe. En fait, il faudrait remonter encore plus haut, lors de la préparation de l'euro 2008. Patrick Vieira a succédé à Zidane après le fiasco de l'euro 2004. Ce sera un très bon capitaine, quoiqu'à éclipses, en raison de nombreuses blessures. Arrivent l'euro 2008 et les interrogations sur la forme de Vieira.
La relation entre Vieira et Raymond Domenech est en apparence idyllique. Le premier avait été convié, malgré sa blessure, par le second à l'Euro 2008. Vieira avait rendu la pareille en soutenant le sélectionneur après le désastre. Mais en apprenant qu'il ne figurait pas sur la liste des Bleus face à la Roumanie et à la Serbie en septembre, le joueur a montré des signes d'impatience. «Cela a été une grosse déception parce que c'est vrai que, physiquement et mentalement, je me préparais pour ces deux matchs», s'est-il épanché sur RTL. Les barrages offriront à Domenech l'occasion d'adresser un message clair à Vieira. Histoire qu'il ne se prépare par pour rien pendant tout l'hiver.
Vieira finira par être sélectionné pour l'Euro, mais sans jouer ! Et depuis 2006, on sait que Domenech adore sélectionner des joueurs, pour les laisser sur le banc !
La suite coule de source : miné par les blessures et la méforme, Vieira voit son avenir de plus en plus en pointillés. Et à qui échoit le brassard ? Au plus emblématique joueur du groupe : Thierry Henry. Encore une bourde de Domenech. Parce que moi, je n'ai pas le souvenir d'une grande équipe, championne du monde, qui ait eu pour capitaine un attaquant. De toute évidence, Domenech n'a toujours pas "débriefé" l'échec de 2006, et se replonge de nouveau dans ses travers, dont celui d'installer une dépendance de l'équipe par rapport à un joueur : hier Zidane, maintenant Henry.
La suite coule de source : miné par les blessures et la méforme, Vieira voit son avenir de plus en plus en pointillés. Et à qui échoit le brassard ? Au plus emblématique joueur du groupe : Thierry Henry. Encore une bourde de Domenech. Parce que moi, je n'ai pas le souvenir d'une grande équipe, championne du monde, qui ait eu pour capitaine un attaquant. De toute évidence, Domenech n'a toujours pas "débriefé" l'échec de 2006, et se replonge de nouveau dans ses travers, dont celui d'installer une dépendance de l'équipe par rapport à un joueur : hier Zidane, maintenant Henry.
Lequel Henry n'a pas assez de "vista" ni d'intelligence pour refuser ce cadeau empoisonné et pour proposer un autre capitaine à sa place, par exemple Grégory Coupet. Ce manque d'humilité, Henry va le payer très cher par la suite. Mais bon, la bourde de départ, ce n'est pas lui qui la commet, c'est Domenech.
Moi, qui ne suis pas footballeur, je m'en vais, ici, refiler quelques principes de psychologie footballistique aux aspirants entraîneurs ainsi qu'aux pseudo-experts qu'on lit et entend partout.
Je revois encore Bernard Lama, encaissant un but avec le PSG, et écumant de rage après une bévue de l'un de ses défenseurs, Alain Roche ou Paul le Guen..., sans pouvoir extérioriser sa colère. Il faut dire qu'à l'époque, le capitaine du PSG s'appelait Alain Roche. Difficile, donc, pour Lama, d'engueuler son capitaine comme ce dernier l'aurait mérité. Et puis, un jour, Luís Fernandez a la bonne idée de confier le brassard à Lama.
Tout le monde sait que c'est avec Bernard Lama comme capitaine que le PSG a décroché son unique titre européen.
Les gardiens de but font souvent de très bons capitaines ; les attaquants (cf. Pauleta, Drogba, Eto'o...), jamais ! Rappelez-moi déjà le nom du capitaine de l'équipe espagnole victorieuse en Afrique du Sud... Casillas ? Il est attaquant, Casillas ?
Rappelez-moi aussi le nom du capitaine de l'équipe de France lors du naufrage de novembre 1993, au Parc des Princes : Jean-Pierre... Papin ? C'est ça, Papin.
Mamadou Niang capitaine de l'OM ? J'ai toujours pensé que Deschamps commettait une lourde erreur. Bon, l'OM gagne deux titres en 2010. Et que fait Niang dans la foulée ? Il se barre ! Étonnant ? Pas du tout ! Je crois que Niang aurait marqué bien plus de buts s'il n'avait pas eu le brassard et porté toute la responsabilité de devoir manager l'équipe sur le terrain. Parce que vous ne pouvez pas passer votre temps à naviguer de la surface de réparation adverse à votre propre surface pour organiser l'équipe. Le brassard n'est pas une petite décoration sur le bras. Il vous impose une concentration de tous les instants. Or, un attaquant, c'est quelqu'un qui doit se faire oublier à la limite du hors-jeu, obnubilé par l'envie de marquer et par rien d'autre ! Organiser une équipe, un meneur de jeu, ou un défenseur, ou mieux, un gardien, peut le faire. Faites-moi la liste des plus grands et des plus mauvais capitaines de l'histoire du football et concluez.
Donc, Henry capitaine, c'était mal barré !
C’est donc un Thierry Henry miné par le syndrome Trézéguet, par le ratage de la finale du mundial 2006 et par l’échec de l’euro 2008 qui se retrouve capitaine de l’équipe de France, en position de premier tituctionnaire. Je n’ai pas les statistiques mais j’aimerais bien connaître le nombre de matches que Thierry Henry a débuté sur le banc de touche.
Le problème est que l'ombre de Vieira n'en continuait pas moins de planer sur l'équipe de France, à en juger par certaines déclarations, dont celle de Domenech lui-même, affirmant, avant le mundial 2010, que Patrick restait le capitaine de l'équipe de France mais qu'il lui fallait du temps de jeu.
Comme preuve que l'ombre de Vieira planait encore sur l'équipe de France :
Le problème est que l'ombre de Vieira n'en continuait pas moins de planer sur l'équipe de France, à en juger par certaines déclarations, dont celle de Domenech lui-même, affirmant, avant le mundial 2010, que Patrick restait le capitaine de l'équipe de France mais qu'il lui fallait du temps de jeu.
Comme preuve que l'ombre de Vieira planait encore sur l'équipe de France :
L’attaquant de l’équipe de France, Nicolas Anelka (31 ans – Chelsea), auteur de 11 buts en Premier League cette saison est quasiment certain de participer à la prochaine Coupe du Monde. Mais pas son ancien camarade en bleu, Patrick Vieira pour qui il a décidé de militer en déclarant dans la presse : " Il rassure. Si Raymond Domenech le prend pour le Mondial, je suis sûr qu'il fera du bien. On a besoin de son expérience. Son statut en impose. Il reste notre capitaine ".
Quand je dis que c'était mal barré pour Henry ! Le fait est que Titi ne s'est jamais imposé comme capitaine - non parce qu'il ait été incompétent, mais tout bonnement parce que ce n'est pas le job d'un attaquant ! -, comme semble le confirmer Nicolas Anelka, et certainement pas par jalousie ou opportunisme ! On comprend qu'Henry ait eu à supporter une sacrée pression, comme Niang à Marseille, comme Drogba et Eto'o avec leurs équipes nationales. Mais pourquoi diable Henry n'a-t-il pas demandé à être débarrassé de ce foutu brassard ?
La Henry-dépendance, après des années de Zidane-dépendance, voilà sous quels auspices vont se dérouler les matches de qualification pour le mundial 2010.
Pour comble de malchance, ou de stupidité, après tant de mauvaises expériences, le match décisif, ce France-Irlande, allait se jouer à Paris, non pas au Parc des Princes, mais quelques kilomètres plus au nord, mais c'était tout comme. Le problème avec les Français, c'est cette obnubilation qu'ils éprouvent par rapport à Paris : en somme une sorte de Paris-dépendance !
Ben oui, quoi ! Tout le monde sait qu'en France, il n'y a qu'une ville susceptible de recevoir des matches internationaux : Paris. Même si tout le monde voit bien que Paris n'a pas le public de Saint-Etienne, de Lens ou de Marseille ! À Paris, on rencontre dans les stades plus de hooligans et de bobos que de vrais supporters ! Un match international, surtout un match à enjeu, ça se joue à Saint-Etienne ou à Marseille, pas à Paris ! Et si la qualification de novembre 1993 s'était jouée à Marseille, par exemple, les choses se seraient probablement passées autrement.
Donc, France-Irlande va se jouer à Paris. Bonjour la pression. Pour comble de malchance, les Irlandais égalisent sur l'ensemble des deux matches. Panique à bord. On connaît la suite : la main de Thierry Henry, un Henry tétanisé à l'idée d'une élimination, lui le capitaine, que ce foutu brassard handicape plus qu'il ne le libère. Du coup, notre goleador ne marque plus de buts. Du coup, il s'épuise, s'échine, perd patience, et fait comme il peut.
Bon, le ballon rebondit, touche la main, l'arbitre n'a pas sifflé...
Henry ne mérite pas tout ça..., titrait l'Équipe ? J'ai bien aimé le "tout ça" !