La guignol sur la photo est un de ces écrivailleurs qui officient à l'Equipe, notre grand quotidien sportif. Enfin 'grand', je me comprends. En Italie, en Espagne, en Grande-Bretagne, les quotidiens sportifs sont d'une toute autre envergure que l'Equipe !
Ce guignol, donc, joue les vierges effarouchées, en affichant fièrement son droit de fabriquer des faux, et de jouer au donneur de leçons par-dessus le marché.
J'ai marché longtemps, ce jour-là, pour essayer de me procurer un exemplaire de l'Equipe, non que j'en sois un lecteur assidu, mais voilà, il y avait cette "affaire Anelka", et je voulais me forger une conviction, même si le hiatus paraissait énorme, entre ce qui nous était rapporté, à savoir des propos de vestiaire, et cette Une qui n'avait rien à voir avec des vestiaires.
Donc, je traverse tout le quartier de Châtelet-les-Halles, à Paris, à la recherche d'une copie de l'Equipe, mais tous les kiosquiers annoncent une rupture de stock. Je suis donc rentré chez moi sans l'Equipe. Mais j'ai tout de suite consulté un maximum de sites sur Internet. Plus tard, il s'avérera, notamment à la suite de la réaction des coéquipiers d'Anelka, que les paroles prononcées par ce dernier n'étaient pas celles reproduites par le journal.
Lequel journal allait forcément rectifier le tir, pensais-je. Mais ce que je peux être naïf ! Rectifier le tir, présenter des excuses à leurs lecteurs et accessoirement à la mère de Domenech ? Mais vous n'y pensez pas, ma bonne dame !
Donc, l'Equipe n'a pas fabriqué de faux et n'a pas roulé ses lecteurs dans la farine. Le journal n'avait donc aucune raison de battre sa coulpe. Donc, les gogos, dont j'ai failli faire partie, qui se sont fait avoir par la photo de Une montrant un Anelka grimaçant, face à un Domenech en position de boxeur - non mais quelle grossièreté que ce montage ! -, n'avaient qu'à s'en prendre à eux-mêmes en s'étant fait attraper comme de vulgaires lecteurs de France Dimanche, de Détective ou d'Ici Paris, autres spécialistes des titres aussi accrocheurs que mensongers.
Le soir-même, sur une radio, j'entends la mère Domenech qui s'en prend à Anelka, le tout, malgré les dénégations déjà bien sonores de ses coéquipiers. Et là, je me dis qu'il fallait que ce journal soit fabriqué par une belle phalange de fripouilles pour n'avoir pas présenté d'excuses à la mère de Domenech, car ce sont elles, ces fripouilles, qui ont réellement insulté cette femme.
Et puisque le journal du jour était "sold out", j'ai pris une décision simple : désormais, pour moi, l'Equipe serait toujours "sold out", ce qui veut dire que je n'achèterai plus jamais cette feuille de chou.
Bielderman et les crétins de son canard peuvent casser du sucre sur le dos de qui ils voudront, j'ai décidé de me sevrer définitivement de leur prose.
Ce que ces guignols n'ont pas l'air de comprendre, c'est que la presse sportive ne représente plus grand chose, à l'heure d'Internet, avec la possibilité de connaître les résultats de manière quasi-instantanée. Dans ces conditions, qu'est-ce qu'un article de presse écrite peut m'apporter, dès lors que la seule chose qui m'importe, c'est le résultat brut d'une épreuve ? À supposer que j'aie raté la retransmission de ladite épreuve à la télévision ou ailleurs. Parce que, si j'ai regardé le match, qu'est-ce j'ai à fiche des commentaires d'une épreuve sur laquelle je peux me forger ma propre opinion ?
Je crois savoir que l'Equipe perd des lecteurs, à l'instar de l'ensemble de la presse écrite, et j'ai comme l'impression que ce n'est qu'un début. Mais, visiblement, certains ne savent répondre à la concurrence de l'Internet que par des attitudes suicidaires ? Parce que j'imagine que je ne suis pas le seul à avoir été outré par l'escroquerie consistant à déformer et les propos d'Anelka et le cadre dans lequel ces propos ont été tenus.
Je ne vous raconte pas l'indignation générale, si ce faux en écriture avait été commis par un journal russe, ouzbek, congolais, cubain... Mais en France, la seule république bananière d'Europe occidentale, un journal fabrique un faux, et tout le monde cautionne.
Misérable démonstration de corporatisme, que l'on peut expliquer : ne voit-on pas les journaleux de l'Equipe fricoter, sur d'autres médias, avec d'autres journaleux ? Ce qui fait que tout ce petit monde se retrouve alternativement sur les mêmes radios et télévisions, où les émissions sportives ont poussé comme des champignons.
Donc, on se couvre mutuellement, et l'on se déconsidère par la même occasion. Et, du coup, on se roule par terre de rire en voyant les mêmes escrocs se muer en donneurs de leçons, comme l'autre crétin qui énonce une règle de sa confection, selon laquelle quand on insulte un supérieur hiérarchique, on prend la porte, sans préavis !
J'affirme que Bielderman et ses acolytes ne sont que de pauvres crétins ; pour preuve, ils ont juste oublié que, devant les prudhommes ou toute autre juridiction, il faudra que le plaignant éventuel apporte la preuve de ses allégations (ça s'apprend en première année de FAC de droit et ça s'appelle "la charge de la preuve" !). L'ennui, c'est que, de l'avis général, les paroles prêtées à Anelka ne sont pas celles qu'il a prononcées effectivement ! Donc, la maxime de Bielderman n'est qu'une grosse connerie !
De fait, tout ce tintamarre autour d'Anelka a été bâti autour d'une énorme connerie. C'est quand même dingue, non ?!
Entre nous, si j'avais été le conseiller juridique de Nicolas Anelka, je lui aurais suggéré de poursuivre l'Equipe - au pénal ! - pour faux et usage de faux, avec un bon paquet de dommages-intérêts en prime !